Hans Henny Jahnn

Hans Henny Jahnn (1894–1959) était un romancier, dramaturge et facteur d’orgues allemand. Antimilitariste et adversaire résolu du nazisme, figure exemplaire d’une lutte pour la défense de la vie sous toutes ses formes, il a laissé une œuvre baroque, noire, singulière, considérée comme l’une des plus originales de son temps.

Hans Henny Jahnn, romancier, dramaturge et facteur d’orgues naquit en 1894 à Hambourg-Stellingen. En 1915, il s’enfuit en Norvège avec son ami G. Harms pour éviter le recrutement. C’est là qu’il écrivit Ugrino et Ingrabanie, fragment inachevé (1994), et Pastor Ephraïm Magnus, pièce qui obtint en 1920 le prix Kleist (1993).

Revenu en Allemagne cette même année, il quitta l’église luthérienne et fonda la communauté artistique et religieuse « Ougrino », se réservant le département d’architecture monumentale et funéraire. En 1923, il commença à restaurer les orgues de l’église Saint-Jacob à Hambourg créant, en accord avec Albert Schweitzer, un mouvement prônant le retour à l’orgue traditionnel, dont il devint bientôt, en autodidacte, un des meilleurs spécialistes. Après la dissolution de la communauté « Ougrino », Jahnn écrivit, dans une technique proche de l’Ulysse de Joyce, le roman Perrudja, paru en 1929. Vers cette époque, il se rapprocha des conceptions « harmonicales » (néo-pythagoriciennes) de Thimus et de Kayser.

Fuyant à nouveau l’Allemagne en 1933, il acheta et dirigea une ferme sur l’île de Bornholm au Danemark, se livrant entre autres à des expériences dans le domaine de la biologie. C’est là qu’il rédigea les deux premiers volets de sa trilogie romanesque, Fleuve sans Rives (la première partie, Le Navire de bois, paraît en octobre 1993 ; suivent les Carnets de Gustav Anias Horn, la deuxième partie, et l’Épilogue). Après la guerre, Jahnn retourna à Hambourg et s’engagea fermement dans la lutte contre la bombe atomique.

« Son paganisme sauvage, écrivait Walter Muschg en 1954, sa pensée sacrale me réconcilient avec les folies saintes qui se disent et se font dans ses œuvres et qui ne seront jamais comprises que par des êtres jeunes. On peut apprendre de lui ce qu’on trouve uniquement dans des documents littéraires très anciens. »