Verre, Ironie et Dieu
Traduction de Claire Malroux.
Troisième livre publié d’Anne Carson, Verre, Ironie et Dieu propose un ensemble de textes aux genres variés, tous traversés par une même perspective critique et féministe : récit en vers (mêlant une relecture des Hauts de Hurlevent à des scènes de vie quotidienne), poèmes théologico-philosophiques, reportage parodique, pseudo-guide de voyage, imitation d’un texte biblique, essai théorique… Dans « Le genre des sons » qui clôt le livre, Anne Carson s’interroge sur les valeurs morales prêtées traditionnellement aux sons, et particulièrement aux voix féminines si souvent décriées. Appuyée sur la lecture de textes antiques, l’analyse qu’elle y mène éclaire rétrospectivement tout le livre : « C’est en grande partie d’après les sons qu’émettent les gens que nous les jugeons sains d’esprit ou fous, masculins ou féminins, bons, mauvais, fiables, dépressifs, mariables, moribonds, susceptibles ou non de nous faire la guerre, à peine supérieurs à des animaux, inspirés par Dieu. »
À la lecture de ces quelques lignes et de l’ensemble de ce livre paru, en anglais, pour la première fois en 1995 et, en français, en 2004 aux éditions Corti dans la traduction de Claire Malroux, on mesure, quelques décennies plus tard, l’importance de sa vision novatrice aussi bien pour les études de genre que pour les approches poétiques contemporaines.
Presse et librairies
Une sublime variation sur les pouvoirs guérisseurs de la littérature, par une petite-cousine de Virginia Woolf.
Emily Barnett, Marie-Claire, 25 décembre 2023Entre mythologie grecque et psychanalyse, la grande poète nord-américaine nous fait entendre avec une évidence troublante dans ce récit érudit et sensible, de quelle façon chaque son que nous émettons projette au-dehors une parcelle d’intime.
Monique Petillon, Le monde des livres« Des larmes de marbre coulent sur son visage de marbre./ L’étranger est quelqu’un qui n’a pas de mouchoir. »
La femme est faite pour tenir le rôle de l’étrangère, féminin et féminisme traversant tous les textes précédents avant d’être le sujet du dernier, « le Genre des sons », étude sur la réception des sons émanant des femmes depuis l’Antiquité jusqu’à Ernest Hemingway et Gertrude Stein dont un biographe écrit: « Elle s’esclaffait, riait haut et fort. Son rire était comme un bifteck. Elle adorait le bœuf. »