Enfants d’Adam, suivi de Calamus
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Athenot
Je n’ai inventé nulle machine automatique,
Je n’ai fait nulle découverte,
Ni ne suis en mesure de transmettre nul legs conséquent
pour la fondation d’un hôpital ou d’une bibliothèque,
Nul souvenir d’un quelconque acte de bravoure pour
l’Amérique,
Nul succès littéraire, nul intellect — nul ouvrage destiné à
la bibliothèque ;
Ces seuls chants, qui vibrent dans l’air, je lègue,
Aux camarades et aux amants.
Cette traduction inédite donne à lire, dans toute leur force subversive, leur radicalité et leur puissance poétique, les versions princeps d’« Enfants d’Adam » et de « Calamus ». Relire aujourd’hui ces textes publiés pour la première fois en 1860, c’est suivre, page après page, « un poète soucieux, en nommant le corps, de briser les tabous d’une société corsetée tout en jetant les ponts d’une sensibilité poétique audacieuse qui continue d’interroger et d’inspirer ».
Éric Athenot
Presse et librairies
Comment alors lire Whitman, si par lire on entend : être en mesure de se rendre compte que les faits poétiques qu’il invente (au milieu desquels nous évoluons comme s’ils étaient normaux et même, légèrement old school) n’existaient pas encore (qu’ils n’étaient pas même des possibilités envisageables) avant lui ? Comment le voir forcer et remodeler le paysage de la poésie américaine ? Comment accéder de nouveau à la fraîcheur de son chant — à sa violence, sa générosité ? La publication par les éditions Corti des poèmes de Whitman dans leur premier état, au fil des éditions successives de Leaves of Grass, nous offre au moins, de cette poésie débordante, excessive et hirsute, une expérience qui ne nous permet pas d’en rester à la célébration du monument patrimonial.
Pierre Vinclair, revue Europe, janvier 2025