Une abeille dans la pluie
Traduction de Adrien Roig.
Une abeille dans la pluie, de Carlos de Oliveira, est l’un des meilleurs romans du néo-réalisme portugais. À une intrigue poignante, dans une nature sauvage, s’intègre la satire d’une aristocratie décadente et de la bourgeoisie rurale, ainsi que la dénonciation de préjugés sociaux traditionnels. Une suite de symboles : la pluie et l’abeille, l’hiver et le printemps, l’or et le soleil, l’étable et la nativité, l’orage et le diable, la mer et le sacrifice… et bien d’autres, se développent dans un style singulier que le traducteur s’est appliqué à conserver.
Pour conjurer la culpabilité qui le tenaille et la hantise de la mort qui l’habite, Alvaro Sylvestre, bourgeois veule et pathétique, livre un jeune cocher à la colère meurtrière d’un père outragé. Victime expiatoire, figure d’un érotisme triomphant et pour cela insupportable, le jeune homme sera sacrifié sur l’autel de l’hypocrisie et de la peur bourgeoise.
Patrick Kéchichian
Presse et librairies
Fable sociale ordonnée comme une tragédie antique, le roman de Carlos de Oliveira tisse un réseau serré de symboles, dans lequel chaque personnage est une image caricaturale du destin. La force poétique du récit naît de la conduite rigoureuse de la narration, à la fois épurée et complexe.
Patrick Kéchichian, Oliveira le tragique, Le Monde, 12 mai 1989Carlos de Oliveira serait-il un disciple de Schopenhauer ? À lire (…) ’Une abeille dans la pluie’, on ne doute pas qu’il fasse partie de la race, si précieuse, des romanciers qui rivalisent de désillusions et de lucidité avec les moralistes.
Dieu est mort. Les apiculteurs se succèdent pour repeindre la ruche aux couleurs de l’espoir. Mais l’essaim est devenu fou. Les abeilles aveugles volettent entre quatre murs, se déchirent les ailes et se noient dans leur propre fiel. Carlos de Oliveira ne se donne pas la peine de rafraîchir la ruche : la pourriture a gagné l’intérieur, et le meilleur remède est d’y apporter le miel des sceptiques.