Première figure

Traduction de Éric Suchère et Virginie Poitrasson

Janvier 2011

96 pages

Série américaine

978-2-7143-1043-9

15.2 €

Extrait :

Très cher lecteur

Il peignit la montagne maintes et maintes fois

de là où il était dans la grotte, bouche bée

devant la lumière, son absence, le crâne

recouvert aux creux de teinte bleu, comme

un oiseau troglodyte arrachant des baies du feu

ses cheveux enflammés et ainsi de suite

de la citronnelle dans un verre de café transparent.

Très cher lecteur il y avait des arbres

faits de fil de fer, de larges entrées

sous les balcons sous les flèches

tête juvénile viens te reposer dans la prairie

au bord du sentier de gravier, corps

immobile de liquide laiteux

ses cheveux enflammés et ainsi de suite

couloirs successifs, tapis fleuris et portes

ou la photographie de rien sinon des pigeons

et des quiscales à l’ombre d’une fontaine.

Michael Palmer

Le poète Michael Palmer est né à New York en 1943. Il vit actuellement à San Francisco.

Il est l’auteur d’une vingtaine de livres dont une quinzaine de poésie. Il a reçu le prix Wallace Stevens en 2006, une des plus importantes récompenses, pour la totalité d’une œuvre. Son influence est très grande aux États-Unis. En France, plusieurs de ses livres ont été traduits dont Sun (aux éditions P.O.L.) et Notes for Echo Lake (aux éditions Spectres Familiers). On pourrait dire que son œuvre explore la nature des relations entre le langage et la perception. Sa poésie, bien que semblant abstraite – puisque partant du langage – est en fait profondément lyrique. Première figure date de 1984 et fait partie d’une trilogie qui comprend justement Notes pour Echo Lake (1981) et Sun (1988). Cette trilogie peut-être considérée comme le chef d’œuvre de Palmer et la traduction du volet central manquait donc au lecteur français. En savoir plus.

Presse et librairies

Ainsi l’œuvre instaure-t-elle un univers de tous les possibles, qui ne connaît pas le principe du tiers exclu et accueille les contraires lesquels ne s’y contredisent pas : « je suis une femme ou un homme de plus de deux mètres de couleur vert émeraude, bleu malachite en fait tourmaline, cornaline, opale (…) ».
Et aussi, sans forcément chercher à déjouer la logique, elle crée un espace magnifiquement ouvert, espace de juxtapositions neuves et toujours productrices de sens : « Un grand coup d’œil, calme comme une souris./ Un large seau plein d’eau ».

Marta Krol, Le Matricule des Anges N° 128, novembre-décembre 2011