Première figure
Traduction de Éric Suchère et Virginie Poitrasson
Extrait :
Très cher lecteur
Il peignit la montagne maintes et maintes fois
de là où il était dans la grotte, bouche bée
devant la lumière, son absence, le crâne
recouvert aux creux de teinte bleu, comme
un oiseau troglodyte arrachant des baies du feu
ses cheveux enflammés et ainsi de suite
de la citronnelle dans un verre de café transparent.
Très cher lecteur il y avait des arbres
faits de fil de fer, de larges entrées
sous les balcons sous les flèches
tête juvénile viens te reposer dans la prairie
au bord du sentier de gravier, corps
immobile de liquide laiteux
ses cheveux enflammés et ainsi de suite
couloirs successifs, tapis fleuris et portes
ou la photographie de rien sinon des pigeons
et des quiscales à l’ombre d’une fontaine.
Presse et librairies
Ainsi l’œuvre instaure-t-elle un univers de tous les possibles, qui ne connaît pas le principe du tiers exclu et accueille les contraires lesquels ne s’y contredisent pas : « je suis une femme ou un homme de plus de deux mètres de couleur vert émeraude, bleu malachite en fait tourmaline, cornaline, opale (…) ».
Et aussi, sans forcément chercher à déjouer la logique, elle crée un espace magnifiquement ouvert, espace de juxtapositions neuves et toujours productrices de sens : « Un grand coup d’œil, calme comme une souris./ Un large seau plein d’eau ».