Poèmes d’amour désespéré

Traduction de Sylvia Baron Supervielle.

Janvier 1996

160 pages

Ibériques

978-2-7143-0596-1

19.25 €

Lorsqu’on lit la poésie de Silvina Ocampo (Argentine, 1903–1993), on se promène dans le jardin circulaire de son enfance ; c’est le soir, avec ses flammes et ses parfums mêlés qui montent de la terre ; c’est l’amour et la mélancolie ; c’est la rivière et ses timbres, les couleurs qui s’y reflètent, s’y répètent altérées à peine, c’est le silence de la sieste ; c’est une transparence palpable, tiède, sensuelle, matière des rumeurs, de l’air, des ombres. Et en réalité on ne lit pas ; le lecteur déambule près de lui-même, comme si le texte, dont il a entrepris la lecture, l’avait invité à laisser le livre de côté et à sortir pour se perdre dans les sentiers d’une lumière intime, où les fleurs, le lierre, les plantes, les arbres, poussent et s’enlacent à leur guise. Nul n’organise cette nature enchantée, où s’exhalent les mystères guidés à peine par un regard passionné.

Ce regard est aussi visionnaire, Borges nous le rappelle : « Il y a chez Silvina Ocampo une vertu qu’on attribue communément aux Anciens ou aux peuples d’Orient, et non à nos contemporains. C’est la clairvoyance ; plus d’une fois, et non sans un début d’appréhension, je l’ai sentie en elle. Elle nous voit comme si nous étions en cristal, elle nous voit et nous pardonne. Essayer de la tromper est inutile. »

Silvina Ocampo et son époux, Adolfo Bioy Casares, furent très proches de Borges, chacun de différente manière, et, à ce trio qui s’échangeait des livres, récitait à tour de rôle des poèmes et écrivait de concert des oeuvres, on pourrait ajouter, non seulement Wilcock, le poète de toutes les langues, mais encore Macedonio Fernández qui, outre l’humour, partage avec Silvina Ocampo cette façon d’être soi-même une création délirante, éternellement inachevée.

Silvia Baron Supervielle

Silvia Baron Supervielle est née à Buenos-Aires en 1934. Sa mère qui mourut lorsqu’elle avait un an était uruguayenne de descendance espagnole et son père était argentin de descendance française. Elle commença à Buenos-Aires son travail littéraire, en espagnol, sa langue natale, écrivant des poèmes et des nouvelles. En 1961 elle arriva en France et se fixa à Paris où, après une longue période de silence, elle poursuivit ses écrits directement en français et fit de nombreuses traductions de l’espagnol en français et vice-versa. En 1973 Maurice Nadeau accueille ses poèmes dans la revue Les Lettres Nouvelles. En savoir plus.

Presse et librairies

Parce que sa soeur a fondé la revue Sur, Silvina est parfois éclipsée par Victoria. Parce qu’elle fut la femme d’Adolpho Bioy Casares, la notoriété du mari fait parfois oublier que Silvina fut l’auteur d’une œuvre unique, poétique, dramatique et romanesque. Mais nombreux ont été les écrivains qui ont célébré l’originalité de cette Argentine mystérieuse, ironique, intemporelle.

René de Ceccatty, Le Monde, 7 mars 1997