Pierre et ciel

Traduction de Bernard Sesé.

Janvier 1990

280 pages

Ibériques

978-2-7143-0401-8

17 €

Auteur d’une œuvre considérable, reconnu comme un maître par les poètes de la Génération de 1927 (Jorge Guillén, Pedro Salinas, Federico García Lorca, Vicente Aleixandre, Rafael Alberti…), Juan Ramón Jiménez reçut en 1956 le Prix Nobel de Littérature.

Inscrit dans le cycle du spiritualisme symboliste, selon l’expression de l’auteur, Pierre et Ciel (1919) témoigne d’un progrès décisif dans la conquête de la conscience par elle-même, entreprise déjà dans les recueils précédents : Été (1916), Sonnets spirituels (1917), Journal d’un poète jeune marié (1917), Éternités (1918).

“N’y touche plus ; / telle est la rose”. Par ce simple distique le poète définit son projet ou son aspiration. Dans cette coïncidence du nom et de la chose, l’écriture s’efforce, dans un équilibre fragile, d’exprimer aussi bien la sensation brutale – celle des choses ou de la pierre – que l’ivresse éperdue – celle du ciel ou de l’extase.

Juan Ramón Jiménez

Juan Jamón Jiménez (Espagnol, Maguer, Huelva, 23 décembre 1881 – Porto Rico, 29 mai 1958) :

"Écrire n’est qu’une préparation pour ne plus écrire, pour l’état de grâce poétique, intellectuel ou sensitif. Devenir soi-même poésie, non plus poète.« J. R. Jiménez.

Extrait de La Poésie nue de Juan Ramón Jiménez par Patrick Kéchichian, Le Monde, 18 août 1989 :

De dix-huit ans l’aîné de Lorca et de six ans le cadet de son ami Machado, Juan Jamón Jiménez est né en décembre 1881 à Moguer, [“la blanche merveille”] petite ville andalouse de la province de Huelva. Son entrée dans l’âge adulte est marquée par la mort subite du père – le poète a dix-neuf ans.

De ce deuil, il conservera sa vie durant une extrême fragilité, un tempérament angoissé et mélancolique, prompt au retrait et à l’isolement. En ces premières années du siècle cependant, Jiménez déploie une activité créatrice intense qui ne tarde pas à faire de lui l’un des écrivains les plus en vue de la capitale espagnole. Helios, la revue qu’il fonde en 1903, défend l’esthétique moderniste, illustrée notemment par Rubén Darío. En 1916, il se marie à New York avec Zenobia et revient à Madrid.

Son œuvre arrive à maturité : de l’idéal romantique, d’une certaine outrance égotiste et décadente – Lorca parle de la “terrible exaltation de son moi – elle s’élève peu à peu vers l’espace plus aéré de la “poesia desnuda”.

Moins radicalement engagé que Lorca, rêvant d’une troisième force, Jimenez s’exile néanmoins en 1936. Les États-Unis, Cuba, Porto-Rico enfin, où le couple s’installe définitivement en 1951. En 1956, deux ans avant sa mort, il reçoit la consécration du prix Nobel. Mais l’agonie de Zenobia, qui mourra trois jours après cette attribution, transforme sa joie en tristesse profonde.

À propos de Jiménez :

“Il y a deux maîtres : Antonio Machado et Juan Jamón Jiménez […] Le second, grand poète troublé par une terrible exaltation de son moi, écorché par la réalité qui l’environne, incroyablement déchiré par des riens, à l’aguet du moindre bruit, véritable ennemi de son exceptionnelle et merveilleuse âme de poète.”

Federico Garcia Lorca

“Jiménez perçoit pour la première fois, et peut-être pour la dernièe, le silence insignifiant de la nature, où les paroles humaines ne sont qu’un peu d’air et de bruit.”

Octavio Paz

“Beauté et éternité se conjuguent, vivantes et plus grandes toujours, dans toute sa poésie, sûrement comme en nul autre poète des meilleures époques de la poésie.”

German Bleiberg En savoir plus.

Presse et librairies

[…] une étape importante vers cette “poésie nue” dans laquelle, toujours davantage, Jiménez a voulu se reconnaître. Le titre dit bien cette tension entre la matière terrestre et l’attachement qu’elle incarne, et cette autre matière, céleste, inaccessible.

Patrick Kéchichian, Sur la terre comme au ciel, Le Monde, 21 décembre 1990