Nouvelles cantates

Janvier 1995

320 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-0553-4

18.55 €

« Après ma traduction des Fragments verticaux de Roberto Juarroz, je me mis à relire certains passages de la Bible que j’avais marqués sur la marge, puis j’en soulignai d’autres, jusqu’à ce que, chronologiquement enfin, je transcrive les notations dans un cahier. Tout au long, je fus gouvernée, d’une part, par la nécessité de reprendre ce qui était à mes yeux le plus beau dans le message, et de l’autre, par celle de relever une écriture qui me frappait d’elle-même. Le fil que je tirais dévoilait une étrangeté que je recevais en partage et qui était comparable à celle qui apparaît dans tout grand ouvrage littéraire. En d’autres termes, je pouvais aussi bien être en train de parcourir Virgile, Dante, Montaigne, Beckett, ou de continuer à traduire Juarroz.
J’eus, de plus, le sentiment que les récits du livre s’inspiraient d’un autre volume mystérieux, antérieur, qui était la clef de la connaissance et de la vie : les tables et les lois, les livres scellés, mangés, ailés, les paroles à introduire dans la bouche, les doigts qui écrivent sur le sol s’essayaient, mystérieusement aussi, à le recopier. Quoi qu’il en fût, le contenu de ce volume premier était impérativement voué à se répéter et à s’accomplir dans les suivants. Cela me rappela le caractère visionnaire de la poésie ; autant que les répétitions qui s’affirment comme une vérité unique en particulier dans les quatre Évangiles, sont des caractéristiques propres à la littérature.
À mesure que le fil éclaireur me guidait entre ces histoires et ces personnages, chargés de l’éclat de leur inébranlable et messianique destin, le voile de l’émotion se déchirait à cause de cette étrangeté, dont la fulguration mince, démunie, éminemment sainte de même, confirmait en quelque sorte le foyer. Paul disait : Toute Écriture est inspirée de Dieu. »
Silvia Baron-Supervielle

Silvia Baron Supervielle

Silvia Baron Supervielle est née à Buenos-Aires en 1934. Sa mère qui mourut lorsqu’elle avait un an était uruguayenne de descendance espagnole et son père était argentin de descendance française. Elle commença à Buenos-Aires son travail littéraire, en espagnol, sa langue natale, écrivant des poèmes et des nouvelles. En 1961 elle arriva en France et se fixa à Paris où, après une longue période de silence, elle poursuivit ses écrits directement en français et fit de nombreuses traductions de l’espagnol en français et vice-versa. En 1973 Maurice Nadeau accueille ses poèmes dans la revue Les Lettres Nouvelles. En savoir plus.

Presse et librairies

C’est en traduisant le poète Roberto Juarroz que Silvia Baron Supervielle a relu et annoté la Bible, devenue, en quelque sorte, son livre. Montage, épure, abstraction, plus que commentaire : les passages retenus s’inscrivent dans un récit saisissant d’où n’émane plus qu’une parole d’amour et de ravissement.

René de Ceccatty, page des libraires n°36, sept-oct 1995