Fragments verticaux

Traduit de l'espagnol par Sylvia Baron Supervielle.

Janvier 1994

176 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-0500-8

16.25 €

« Très tôt dans ma vie, déclarait Roberto Juarroz aux Lettres Françaises, en avril 1993, j’ai eu le sentiment qu’il y avait en l’homme une tendance inévitable vers la chute. L’homme doit tomber. Et l’on doit accepter cette idée presque insupportable, l’idée de l’échec, dans un monde voué au culte du succès. Mais symétrique à la chute, il y a dans l’homme un élan vers le haut. La pensée, le langage, l’amour, toute création participent de cet élan. Il y a donc un double mouvement de chute et d’élévation dans l’homme, une sorte de loi de gravité paradoxale. Entre ces deux dimensions, il y a une dimension verticale. La poésie qui m’intéresse possède l’audace et la nudité suffisantes pour atteindre ce lieu où se produit le double mouvement vertical de chute et d’élévation. Parfois on oublie l’une des deux dimensions. Mes poèmes tentent de rendre compte de cette contradiction vitale. »
     

Gaston Bachelard a écrit que le temps de la poésie est un temps vertical. Il faisait allusion à ces moments où le temps s’attarde ou prend un autre rythme, et perd l’aspect linéaire de la durée pour « retrouver l’éternité », comme disait Rimbaud, dans un instant « vertical ». Ce sont ces « moments » et ces « fragments » exceptionnels de la réalité, offerts à ceux qui sont les prisonniers du temps, ces « brefs laps d’illumination » que Juarroz tente ici de « mettre en sûreté » pour éviter, une fois encore, qu’ils ne s’échappent.« Ainsi, dans ces Fragments verticaux comme dans sa Poésie verticale, Juarroz entend "ne pas céder au discours et retenir seulement les noyaux essentiels de la pensée et de la poésie en renonçant à la tentation du développement ».

Roberto Juarroz

Roberto Juarroz (1925 - 1995) est un poète argentin. Il est considéré comme un des poètes majeurs de son temps. Son oeuvre est rassemblée sous le titre de « Poésie verticale ». En savoir plus.

Silvia Baron Supervielle

Silvia Baron Supervielle est née à Buenos-Aires en 1934. Sa mère qui mourut lorsqu’elle avait un an était uruguayenne de descendance espagnole et son père était argentin de descendance française. Elle commença à Buenos-Aires son travail littéraire, en espagnol, sa langue natale, écrivant des poèmes et des nouvelles. En 1961 elle arriva en France et se fixa à Paris où, après une longue période de silence, elle poursuivit ses écrits directement en français et fit de nombreuses traductions de l’espagnol en français et vice-versa. En 1973 Maurice Nadeau accueille ses poèmes dans la revue Les Lettres Nouvelles. En savoir plus.

Presse et librairies

Persuadé que la poésie n’a que faire du discours et doit s’en tenir à ce qu’il nomme les “noyaux essentiels”, Juarroz ne cède à la prose que par notations brèves, éclats de pensée ou, selon son intitulé , “fragments verticaux”. Ce sont des aphorismes ou de courtes digressions à lire dans la résonance des poèmes. Il y a de soudaines surprises et des intuitions qui savent accueillir l’ironie.
     

André Velter, Le Monde, 27 mai 1994