L’Oncle Silas
Traduit de l'anglais par Jacques Finné
Les choses s’engagent plutôt mal pour Maud, l’héroïne de L’Oncle Silas. Jeune orpheline de mère, élevée par un père aussi secret qu’aimé, elle doit, à la mort de celui-ci, quitter sa maison, ses attaches, ses souvenirs pour aller vivre dans la demeure de son oncle qu’elle ne connaît pas mais dont la réputation ambiguë a de quoi inquiéter. Dans un décor horrifique où les couloirs sont toujours longs et obscurs, les chambres secrètes, les portes dérobées, la jeune fille devra affronter de terribles épreuves, défaire secrets et mensonges, s’extraire des griffes qui se resserrent sur elle.
Paru en 1864, un siècle après Le Château d’Otrante de Walpole, et un demi-siècle après Melmoth de Maturin, L’Oncle Silas s’inscrit dans le sillage du roman gothique dont il reprend, avec une agilité fascinante, le décor et les codes narratifs : grandes maisons sombres et mystérieuses, crimes en vase clos, étrange testament, demoiselle en détresse, mariage forcé et consanguin… Si le roman utilise toute la grammaire gothique, distillée par fines touches, c’est pour construire une intrigue implacable, savante et méticuleuse qui fait de L’Oncle Silas un thriller avant la lettre : un thriller gothique qui joue avec les codes du roman noir pour transcrire la perception altérée d’une jeune fille en proie à la peur et aux émotions les plus intenses.
Presse et librairies
Henry James, décrivant dans une de ses nouvelles l’arrivée chez des amis de province de son héros, précise que celui-ci trouve « sur la table de chevet de la chambre qui lui est dévolue un roman de Sheridan Le Fanu, lecture idéale en cas d’insomnie ». Et, poursuit le malicieux et peut-être un peu jaloux romancier, le personnage se retrouve bientôt plongé dans le livre au point d’arriver en retard au souper…
François Rivière, LibérationC’est absolument extraordinaire. Ce livre est un chef-d’oeuvre de cette littérature gothique des années 1850. […] Une jeune-fille vit dans un château très sombre, très inquiétant, avec un père très mystérieux. Et puis un jour arrive une gouvernante très curieuse, la gouvernante, très bizarre… Et le père meurt. […] J’aime autant vous dire qu’on ne va pas parler d’éducation bienveillante, plutôt d’éducation malveillante.
Christilla Pellé Douël, « Grand bien vous fasse ! », France Inter, 30 août 2024