L’abîme

et autres récits

Traduit du persan et préfacé par Derayeh Derakhshesh

29 mai 2025

152 pages

Littérature étrangère

978-2-7143-1361-4

17 €

Édition originale (2016)
L’abîme

« Je ne peux pas m’asseoir dans une chambre où il y aurait une fenêtre derrière moi, c’est comme si mes pensées s’éparpillaient. » Dans la première nouvelle de ce recueil qui en compte cinq, un homme se fait construire une chambre à son goût. Tubulaire, tendue de tissu rouge et sans ouverture sur l’extérieur, elle ne risque pas de laisser s’échapper ses pensées. Dans la nouvelle suivante, un étudiant timoré et chaste tombe éperdument amoureux d’un mannequin en porcelaine aperçu dans une vitrine. Lorsqu’il retourne en Iran, quelques années plus tard, l’un de ses sacs de voyage ressemble à s’y méprendre à un cercueil…

Ce qui rassemble ces récits, c’est certainement la mort qui rôde, d’un bout à l’autre du recueil. On retrouve ici l’atmosphère lourde, suave et crépusculaire de l’auteur de La Chouette aveugle, alliant l’humour à la cruauté. La force de ces nouvelles tient à l’absurde des situations et aux malentendus, à la manière avec laquelle les personnages semblent courir, tête baissée, vers cet abîme qui donne son nom au recueil. « Je voulais m’engloutir dans un trou comme les bêtes en hiver, je voulais me plonger dans ma propre obscurité ». Si les personnages d’Hedayat courent ainsi, c’est en vertu d’un schéma tragique mais aussi presque par superstition. Comme s’il valait mieux choisir le gouffre plutôt que risquer de s’exposer à la lumière d’un réel trop cru.

Sadegh Hedayat

Sadegh Hedayat (1903-1951) est l’auteur d’une œuvre étrange et sombre, marquée par la hantise du suicide. Son chef-d’œuvre, La Chouette aveugle, a été publié par Corti en 1953. Ont suivi : Enterré vivant (1986), L’abîme et autres récits (1987), Les Chants d’Omar Khayam (1993), L’Eau de jouvence et autres récits (1996), Madame Alavieh et autres récits (1997). En savoir plus.

Presse et librairies

L’abîme regroupe cinq nouvelles de la même veine, comme par exemple « La Chambre noire » dont l’angoisse carcérale annonce déjà l’atmosphère asphyxiante de la chambre-tombeau du narrateur dans La Chouette aveugle. Y apparaissent de même les facettes hallucinantes de certains thèmes pathologiques comme l’obsession tragique de la jalousie — « l’Abîme », l’absurdité surréaliste de certaines manies névrotiques — « Le Mannequin derrière le rideau ».

Daryush Shayegan, La Quinzaine litéraire, 1/15 mai 1988