Le Baron

Traduction de Arlette Zlotowski.

Janvier 1990

160 pages

Ibériques

978-2-7143-0363-9

13.15 €

“Un voyage ni commencé ni terminé…” Ce vers de Branquinho da Fonseca (portugais, 1905–1974) exprime à sa manière un des aspects de l’intraduisible saudade portugaise, nostalgie et désirs ressentis de façon à la fois douce et douloureuse… Incontestablement, c’est là un des fils qui tissent les trois nouvelles traduites ici, comme toute l’œuvre banquinhienne qui, par ailleurs, s’intègre pleinement dans le mouvement moderniste du Portugal du XXe siècle : saudade de Coimbra et de sa bohème estudiantine, qui marque le héros de la nouvelle Le Baron ; saudade de cette “mer sacrée” (Mar Santo, titre d’un roman paru en 1952) que l’écrivain connut intimement lorsqu’il exerça ses fonctions de juges à Nazaré ; saudade du voyage enfin, qu’illustre la dernière étape de la carrière de Branquinho : dès 1968, en effet, il prit en charge la bibliothèque de la Fondation Gulbenkian avec des fonctions itinérantes qui l’amenèrent, entre autres, souvent à Paris.

Attaché à la fois au passé et au futur, à la tradition et à la plus audacieuse nouveauté, Branquinho qui appartient à la même génération que Miguel Torga avec lequel d’ailleurs il participa, jusqu’en 1930, au courant littéraire rassemblé autour de la revue Presença, fut, dès sa jeunesse bouillonnante à Coimbra, une des figures de proue de mouvements littéraires d’avant-garde. Donnant la priorité à la finalité esthétique, à l’anticonformisme, à la liberté profonde de l’artiste, avec son inconscient, son mystère, son irrationnel et son individualisme, cette génération s’apparente au surréalisme en même temps qu’elle renoue avec un certain romantisme.

Branquinho, quant à lui, apparaît comme un imaginatif créateur d’atmosphères mystérieuses, bien que par ailleurs débordant de vitalité et d’humour. son goût pour le théâtre s’exprime aussi par une production variée et originale de courtes pièces, parfois allégoriques, dont les thèmes, ceux de “l’humanité tragique”, se retrouvent dans la plupart de ses contes et recueils, notamment dans Rio Turvo e outros contos (Fleuve trouble et autres contes, 1945) dont les trois nouvelles, L’Involontaire, Les Mains froides et Le Baron sont extraites.

Presse et librairies

Mêlant le réalisme et le fantastique, l’humour sur fond de mélancolie et le mystère, ces trois contes sont incontestablement l’œuvre d’un grand nouvelliste.

Patrick Kéchichian, Le Monde, 30 mars 1990

L’univers de Branquinho da Fonseca baigne dans l’inguérissable mélancolie portugaise, cette “saudade” sans équivalent européen.

Michel Cardoze, L’Inguérissable mélancolie portugaise, La Quinzaine littéraire, 1/15 mars 1990