Larva
Traduction de Julián Ríos et Denis Fernandez-Récatala.
Avec Larva, Babel pour une nuit de la Saint-Jean, il s’agit, à coup sûr, de l’opus magnum de Julián Ríos, né en Galice en 1941. Il compte la bagatelle de 600 pages et propose cinq niveaux d’approche. Au moyen de cette structure éclatée le livre raconte, à travers le Londres de ces dernières années, les experditions de deux amants se prenant pour des personnages de romans et tentant de se mettre dans la peau de leurs doubles, Babelle et Milalias, qu’ils ont inventés pour prolonger leur vie dans la fiction et vice-versa.
Espagnol et universel : c’est l’un des prodiges du livre. Ainsi les Mille et une nuits de tous les séducteurs et de toutes les amantes se trouvent condensées en une seule, celle de la Saint-Jean-bouche-d’or, au nom prédestiné, lors d’une soirée de carnaval masqué dans une villa au bord de la Tamise. Cette sorte de partouze pour tous, orchestrée par le terrorythme d’un inquiétant groupe de rock, voit défiler bien des héros et des mythes de la littérature, incarnés par toute une faune venue du Londres cosmopolite des exilés et des marginaux. La tour de Babel, c’est la tour de Londres et sa Cour des miracles.
Tous les âges, sexes, races, artistes ratés ou non, pique-assiettes à l’affût, paumés de l’alcoolisme ou de la religion, fous et maniaques, obsédés ou profiteurs de la fornication et de la drogue sont présents.
Il fallait que la langue rendît ce grouillement, cette confusion, ces pans d’ombre et de feu, ce découpage au flash, ce corso de fantasmes. Seul un Merlinguiste enchanteur tel que Ríos pouvait atteindre à ce sommet de carnavalisation et de cannibalisation érotique et culturelle.
Au moment de la sortie très attendue de Larva en Espagne, Libération saluait « L’une des grandes aventures postmodernes de l’écriture. une langue castillane haute comme une tour de Babel. » Et à la question « Pourquoi écrivez-vous ? », posée par le même journal à des écrivains du monde entier, Ríos répondait : « Pour moi, écrire, c’est escrivivir. Je crois que ce mot-valise qui contient et fusionne écrire (escribir) et vivre (vivir), et qui a été inventé par le personnage principal de mon roman Larva, permet de donner une explication personnelle de ma raison d’écrire. Ce qui est sûr, c’est qu’écrire est pour moi un art de vivre, plus vrai que nature, une manière de vivre plus intensément. »
Presse et librairies
Julián Ríos est l’écrivain le plus inventif et le plus créatif de la langue castillane.
Carlos FuentesLes textes de Julián Ríos sont très importants, ils sont une assimilation des traditions les plus radicales.
Octavio PazLarva est l’un des dix meilleures romans écrits en espagnol depuis 1939.
Severo SarduySans doute la prose espagnole la plus tumultueusement originale du siècle.
Encyclopaedia Britannica[…] Pouvait-on traduire Larva, cette explosion verbale, sans la trahir ? Fallait-il donner une nouvelle chance à ce texte dans une autre langue ? Denis Fernandez-Recatala a été loyal envers l’auteur, mais élastique. Il a su préserver le tissu des jeux de mots tout en francisant la flamboyante qualité de la prose originale. Certes il a pu s’appuyer sur Julián Ríos, mais son tour de force appelle l’admiration pour l’immensité du travail, le savoir mis en jeu, les innombrables trouvailles de style.
Ramon Chao, La « Liberature » de Julián Ríos, Le Monde, 15 juillet 1995.Ainsi vous avez passé les vingt années requises sur Finnegans Wake ? […] Mais à présent vous vous demandez quels sont les bois frais de la nouvelle fiction, les écrivains dignes de votre détermination, les romans où vous exercer ? Lecteur héroïque, le cycle romanesque de Larva est fait pour vous.
The Washington Post