Hélène en Egypte
Traduction de Auxeméry.
Hélène en Égypte est le dernier poème de H.D., celui du bilan d’une destinée singulière, aux épisodes dramatiques aboutissant à une sorte de « joie ardente », celle de la consumation de soi au brasier de l’amour, destruction et régénérescence permanentes, et de la plénitude à laquelle l’œuvre en chantier ininterrompu permet d’accéder. Ce poème tient de la tragédie antique où les protagonistes prennent successivement la parole. H.D. se regarde écrire ce que sa vie lui a donné à vivre – des êtres fabuleux à croiser et à sonder, des actes à entendre en leurs résonances intimes, des symboles – images, mots, sons permettant d’établir la communication entre les êtres et les actes, entre affect et entendement –, correspondances à établir afin que la clarté advienne. Outre la fréquentation de poètes et d’écrivains majeurs de son temps (Pound, D.H. Lawrence, W.C. Williams), H.D. s’est nourrie de la lecture des Anciens (Euripide, Théocrite) ; elle est allée chercher auprès de Freud une réponse à l’énigme de l’existence ; elle a connu la guerre à Londres sous le Blitz, a perdu là des êtres chers ; elle s’est enfin tournée vers l’ésotérisme pour tenter de démêler les nœuds de l’énigme.
Hélène en Égypte, poème du lyrisme magique, est conçu comme un dialogue avec ce qui dans les profondeurs de soi aura permis l’accomplissement ultime : celle qui énonce le chant est le double de celle qui se confronte aux personnages qui ont été au centre de gravité de sa destinée. Les parties chantées alternent en continu avec la narration : le poème devient une chambre d’échos où les voix se répondent.
Suivi de “Notes préliminaires en vue du Livre 3 du Livre de H.D.” par Robert Duncan
Presse et librairies
La visée féminine, sinon féministe, de ce choix éloigne de l’épopée et permet au texte de se diriger plutôt vers la mise en scène lyrique d’une âme dont on comprend qu’elle est autant celle d’Hélène que de H.D.
Claude Grimal, En attendant Nadeau, 5 octobre 2022Nous sommes face au livre de l’énigme, et lui-même plein d’énigmes. Face à une œuvre détricotant les faits, consacrée au temps comme au temps-sans-temps.
Patrick Beurard-Valdoye, Sitaudis, 14 avril 2022