Fragments d’un livre futur
Traduction de Jacques Ancet.
« Je n’ai pas le cœur, aujourd’hui, d’écrire une préface de plus sur ce que tu as explicitement conçu non comme un livre, avec tout ce que ce projet comporte de préméditation, mais comme un journal, de ce temps que tu regardais t’emporter, t’illuminer parfois, te détruire surtout, et qui ne devait s’achever qu’avec ta mort. Vie et œuvre s’y rejoignent ainsi dans leur indistinction même et c’est pourquoi, plus que tous les autres peut-être, ce dernier livre me touche tant. Comment dire la mélancolie profonde de mettre une fois encore tes mots dans ma bouche et de savoir que c’est à jamais la dernière ? De retrouver une dernière fois ces images (la fenêtre, l’automne, le crépuscule), ces obsessions (la dissolution, le vide, le néant), ces morts plus présents que tant de vivants (Hölderlin, Celan, Cernuda, Giordano Bruno…) et ce fantôme surtout, qui ne cesse, jusqu’à la fin de te hanter : celui d’Antonio, ton fils, dont la mort, parce que tu ne pouvais pas t’y résoudre, t’entraîna vers la tienne. Car comment accepter cela? La mort d’un fils, cette part la plus vivante, la plus jeune, qui s’en va, vous précède, vous appelle ? »
Jacques Ancet
Presse et librairies
Fragments d’un livre futur nous confronte aux éclats d’un réel ouvert sur le manque et le silence. Face à l’obscure avancée des ombres, l’ultime défi de José Angel Valente (1929-2000).
Richard Blin, Le Matricule des Anges, juin-août 2002Les vers sont simples, souvent brefs. Ils résonnent du silence qui s’est installé et va tout emporter.
Philippe Lançon, Cassant comme du vers, Libération, 06 juin 2002