Faire trace

Les écritures de la Shoah

Janvier 2023

256 pages

Les Essais

978-2-7143-1287-7

22 €

Heinrich Himmler, chargé de mettre en route la solution finale, exhortait les nazis à emporter le secret dans leur tombe. Les charniers sont nettoyés, les camps démantelés, les preuves liquidées, les témoins assassinés et le souvenir de leur mort est voué à disparaître. Même si de nombreuses traces ont subsisté et que les historiens ont reconstitué les événements, les faits et la factualité ont été attaqués autant que possible, préparant un oubli sur le long cours dont le négationnisme a su tirer profit.

C’est face à ces formes d’anéantissement que la littérature a dû elle aussi réagir. Travaillée par un mal d’archive et un mal du savoir, elle a cherché à faire trace en s’écrivant contre l’effacement, c’est-à-dire à la fois tout contre l’effacement et à l’encontre de celui-ci. C’est de la sorte qu’elle se confronte à ses propres moyens et à ses limites.

Des textes survivants, écrits parfois aux portes des chambres à gaz et cachés sous la cendre, aux enquêtes contemporaines des descendants des disparus, c’est la riposte des œuvres face à la dissolution des faits que ce livre retrace. Comprendre une telle riposte, c’est pénétrer au cœur des écritures de la Shoah. Mais c’est aussi donner à entendre cette littérature afin que l’effacement programmé, dont les répercussions sont toujours vives, n’en vienne pas à triompher. Sans quoi, ni le souvenir des victimes ni les générations futures ne seront à l’abri.

L’ouvrage a été publié avec avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

Maxime Decout

Maxime Decout est professeur de littérature française à la faculté des Lettres de Sorbonne Université. En savoir plus.

Presse et librairies

Nombreuses sont les perspectives ouvertes par le texte qui mobilisent la réflexion de ton lecteur.

Une lettre de Pierre Vinclair à Maxime Decout, Diacritik, 19 octobre 2023

Ce texte m’a profondément marqué et il fait partie, pour cela, des rares livres qui m’accompagnent quotidiennement.

Benjamin Roux, Cultivateur de précédents, 27 janvier 2025

Par la lecture qu’il propose [d’une panoplie d’œuvres, testimoniales comme mémorielles, de genres variés], acceptant leur « statut incertain » sans tenter de le dépasser en vain, Maxime Decout nous rappelle combien, pour transmettre la Shoah, les disciplines que constituent les études littéraires et l’histoire sont complémentaires, l’une ne faisant pas autorité sur l’autre : pour comprendre la Shoah, « il faut une panoplie d’œuvres », disait Friedländer, mais aussi un ensemble d’approches variées et des regards qui se croisent. C’est de la sorte que l’on parviendra peut-être à dépasser la mélancolie dans laquelle peut nous plonger la conscience aiguë que nous avons que « l’extermination a rendu le savoir vain » (p. 137), ne permettant plus que d’« élaborer un savoir de la ruine du savoir » (p. 138).

Marie-Laure Lepetit, Mémoires en jeu, 24 janvier 2024
« Après la Shoah : la littérature et le défi de l’effacement », Talmudiques, France culture, mai 2025

« Il est frappant de constater que l’effacement des traces programmé par le génocide, qui a échoué, a cependant trouvé un relai paradoxal dans ce qu’on peut appeler l’industrie de la mémoire. Certains choix muséographiques méritent d’être discutés dans la mesure où, alors que leur objectif est la transmission de la mémoire et d’un savoir sur les événements, les dispositifs adoptés tendent parfois au jeu ou au divertissement. »

Maxime Decout dans un entretien avec Jean-Philippe Cazier, Diacritik, 23 novembre 2023

Si l’effacement des traces du génocide a été une préoccupation majeure des nazis, il est faux d’affirmer que la Shoah aurait entraîné une « destruction du fait ». Les études littéraires doivent tenir compte de deux enjeux-clés : la factualité et la vérité.

Judith Lyon-Caen, La Vie des Idées, 6 décembre 2023
Présentation par l’auteur à la librairie Ombres Blanches (Toulouse)