Du sens, de la vie
Traduction de Philippe Mikriammos.
Mary fut à la fois une activiste, une photographe, une poète et une auteure. Elle rencontra George Oppen en 1926 alors qu’ils étaient tous deux étudiants. C’est le coup de foudre entre ces deux jeunes gens qui aspirent à s’affranchir de leur milieu respectif : Mary, d’origine chrétienne, rêve depuis le plus jeune âge de s’échapper des petites villes où l’on n’ambitionne pas de s’élever culturellement ni de partir à la découverte du vaste monde ; George, lui, cherche à se libérer d’une famille juive qui entend lui dicter un mode de vie dont il ne veut pas — son père est un diamantaire de San Francisco dont la fortune lui a permis d’investir dans des salles de cinéma, et qui aimerait tant que son fils reprenne ses affaires.
Dès lors, Mary et George partageront tout – et disons-le – l’œuvre de Mary Oppen n’est pas celle d’une femme effacée qui serait restée dans l’ombre de son grand homme. De tous points de vue, George et Mary seront complices jusqu’au bout.
Cela nous vaut le beau récit d’une équipée sur un petit voilier, partant de Détroit, pour rejoindre le cours de l’Hudson via le canal de l’Érié, jusqu’à New York. Puis ce sera le séjour en France (1929–1932), au Beausset, dans le Var, région qu’ils parcourent dans un cabriolet auquel est attelé le fringant Pom-Pon, et où ils créeront, en association avec Louis Zukofsky, resté aux États-Unis, une petite maison d’édition, To Publishers.
Ce qui est admirable dans cette autobiographie de la première partie de leur vie, c’est qu’elle rend palpable et charnelle l’histoire de cette période en même temps qu’elle entremêle les destins de leurs amis et la naissance d’une vocation.
Presse et librairies
Pas de poésie sans racines, pas de poème sans le temps présent, pensent les Oppen, « les racines dont nous avions besoin étaient les routes que nous par courions ».
Claire Devarrieux, LibérationEn plus d’apporter un éclairage documentaire sur une époque, sur les milieux poétiques, sur des modes de vie et d’engagements, le livre séduit par la personnalité de son auteure.
Claude Grimal, En attendant Nadeau, 21 juin 2021Il était temps que cette admirable biographie soit enfin rendue accessible en traduction française. C’est chose faite maintenant et il ne nous reste qu’à lui souhaiter de se trouver le lectorat le plus large, car elle n’est pas réservée aux puristes de l’objectivisme, mais ouverte à tous les amoureux de l’Histoire américaine.
Christian Rosset, Diacritik, 1 juin 2021