Don Juan

Traduction de Christian Manso.

Janvier 1999

160 pages

Ibériques

978-2-7143-0464-3

14.7 €

L’appel lancé par José Ortega y Gasset, dans les colonnes du quotidien El Sol, en juin 1921, exhortant les intellectuels et créateurs espagnols à réinvestir le mythe de Don Juan, n’a pas laissé Azorín indifférent : son roman, publié neuf mois plus tard, donne du mythe un éclairage original et inattendu, redevable pour une part aux interprétations que le philosophe madrilène en avait données.

Azorín situe son roman entre le moment où Don Juan renonce, après une grave maladie qui l’a conduit à s’interroger sur la fragilité de l’existence humaine, à ses folles équipées, et celui où, après une sorte de purgatoire, de mise à l’épreuve qui correspondent à sa phase d’amendement, il professe la doctrine de Saint François d’Assise, c’est-à-dire lorsqu’il se trouve hors de portée, hors de l’emprise du monde et de ses tentations. C’est la notion de conversion, sur laquelle Ortega y Gasset s’était attardé, qui semble bien avoir déclenché soudainement l’inspiration créatrice de l’écrivain qui n’avait alors pas donné de roman depuis près de vingt ans.

Renonçant aux représentations traditionnelles du séducteur inassouvi, Azorín ne choisit pas la facilité. Don Juan, chez lui, frappe par son apathie, son aboulie, mais au-delà des disgrâces physiques dont il est à présent marqué, son pouvoir de séduction demeure, sous les cendres encore tièdes couve un feu ardent – et la charité à laquelle il s’est adonné, humblement, le cri d’amour universel qu’il lance à la fin du roman, ajoutent au personnage une dimension insoupçonnée.

Presse et librairies

Du pur Azorín : ellipse, chapitres minuscules mais contemporains, en fait, de toute chose éternelle de l’Espagne.

Daniel Aranjo, Connaissance des hommes, N°8, été 1993