Beauté

Traduction de Bernard Sesé.

Janvier 2005

216 pages

Ibériques

978-2-7143-0895-5

17.25 €

Juan Ramón Jiménez malgré son Nobel n’occupe toujours pas en France la place qu’il mériterait.

Belleza est le septième recueil publié par Corti, cinq ayant été traduits par Bernard Sesé qui est aussi le traducteur de Jean de la Croix, Zorrilla, Fray Luis de León notamment.

« Le poète est l’homme qui a en lui un dieu immanent, et comme le médium de cette immanence. » Juan Ramón Jiménez (1881–1958) définit ainsi, dans son ampleur et ses limites, le domaine, ou le territoire, où s’épanouit son invention créatrice.

Belleza (en verso), 1923, appartient à l’époque du « spiritualisme symboliste », comme l’appelait aussi Jiménez.

Le bien, le beau, le vrai : cette triade informe la poétique de Juan Ramón Jiménez. « Pour moi, disait-il, la poésie est mon incorporation à la vérité par la beauté, ou à la vérité dans la beauté, et en dernier lieu de mon dieu possible par la succession de la beauté. Il est clair que cette vocation suppose un effort total de tout l’être ».

La beauté, dans sa valeur ontologique, est promesse de l’avènement du sujet à lui-même, dans l’éternité de l’instant :

Qu’il est beau de vivre ainsi toujours debout,

– beauté ! –,

pour le repos éternel d’un instant !

Chez ce poète à la sensibilité exacerbée, la beauté n’est jamais un concept abstrait. Il la reconnaît aussi bien dans les choses, les êtres ou la nature, que dans les créations de l’art.

Juan Ramón Jiménez

Juan Jamón Jiménez (Espagnol, Maguer, Huelva, 23 décembre 1881 – Porto Rico, 29 mai 1958) :

"Écrire n’est qu’une préparation pour ne plus écrire, pour l’état de grâce poétique, intellectuel ou sensitif. Devenir soi-même poésie, non plus poète.« J. R. Jiménez.

Extrait de La Poésie nue de Juan Ramón Jiménez par Patrick Kéchichian, Le Monde, 18 août 1989 :

De dix-huit ans l’aîné de Lorca et de six ans le cadet de son ami Machado, Juan Jamón Jiménez est né en décembre 1881 à Moguer, [“la blanche merveille”] petite ville andalouse de la province de Huelva. Son entrée dans l’âge adulte est marquée par la mort subite du père – le poète a dix-neuf ans.

De ce deuil, il conservera sa vie durant une extrême fragilité, un tempérament angoissé et mélancolique, prompt au retrait et à l’isolement. En ces premières années du siècle cependant, Jiménez déploie une activité créatrice intense qui ne tarde pas à faire de lui l’un des écrivains les plus en vue de la capitale espagnole. Helios, la revue qu’il fonde en 1903, défend l’esthétique moderniste, illustrée notemment par Rubén Darío. En 1916, il se marie à New York avec Zenobia et revient à Madrid.

Son œuvre arrive à maturité : de l’idéal romantique, d’une certaine outrance égotiste et décadente – Lorca parle de la “terrible exaltation de son moi – elle s’élève peu à peu vers l’espace plus aéré de la “poesia desnuda”.

Moins radicalement engagé que Lorca, rêvant d’une troisième force, Jimenez s’exile néanmoins en 1936. Les États-Unis, Cuba, Porto-Rico enfin, où le couple s’installe définitivement en 1951. En 1956, deux ans avant sa mort, il reçoit la consécration du prix Nobel. Mais l’agonie de Zenobia, qui mourra trois jours après cette attribution, transforme sa joie en tristesse profonde.

À propos de Jiménez :

“Il y a deux maîtres : Antonio Machado et Juan Jamón Jiménez […] Le second, grand poète troublé par une terrible exaltation de son moi, écorché par la réalité qui l’environne, incroyablement déchiré par des riens, à l’aguet du moindre bruit, véritable ennemi de son exceptionnelle et merveilleuse âme de poète.”

Federico Garcia Lorca

“Jiménez perçoit pour la première fois, et peut-être pour la dernièe, le silence insignifiant de la nature, où les paroles humaines ne sont qu’un peu d’air et de bruit.”

Octavio Paz

“Beauté et éternité se conjuguent, vivantes et plus grandes toujours, dans toute sa poésie, sûrement comme en nul autre poète des meilleures époques de la poésie.”

German Bleiberg En savoir plus.

Presse et librairies

En France, on ne connaît pas le poète espagnol Juan Ramón Jiménez. C’est comme si Verlaine était ignoré en Espagne.

Philippe Lançon, Libération, 2 juin 2005