À l’instant de quitter la pièce

Traduction de Claire Malroux

Janvier 2006

196 pages

Série américaine

978-2-7143-0911-2

18.25 €

Rarement un poète se sera mis en scène de façon aussi nue à ce moment de son existence, aura livré avec autant de franchise les humeurs et les pensées de la vieillesse, plus détestée peut-être par lui que par tout autre homme, sans pour autant céder à la sensiblerie.

Aux yeux de Wallace Stevens, Le Rocher (The Rock) constitue un point d’aboutissement. Après la sortie d’Auroras of Autumn, en 1950, il n’était pas pressé de publier à nouveau, pressentant que le recueil alors en gestation serait le dernier. Pour cette raison, Le Rocher, outre le fait qu’il réunit seulement vingt-cinq poèmes, n’a pas fait l’objet d’une publication séparée. Il apparaît à la fin des Collected Poems, publiés à l’automne 1954, moins d’un an avant la mort de Stevens, le 2 août 1955, et fait pendant à Harmonium, sur quoi s’ouvre ce livre. L’opposition des titres est éloquente. Au riche éventail d’investigations et de possibilités que proposait le premier recueil, s’oppose la vision définitive, fondamentale, épurée, donnée par le dernier. Le rocher est le symbole de cette réalité à laquelle l’imagination ne cesse de s’enlacer pour lui donner sens, à la façon du feuillage qui le recouvre.

Entre Le Rocher et les poèmes posthumes, parus en 1957 dans Opus Posthumus, il n’y a pas de hiatus et c’est pourquoi nous les présentons conjointement. Nous complétons cet ensemble par Adagia, une suite d’aphorismes sur la poésie ayant paru eux aussi, à la différence de l’essai structuré The Necessary Angel, dans Opus Posthumus. Ils forment, s’étalant sur une longue période, une sorte de contrepoint à celle, relativement courte, qui a vu l’élaboration des derniers poèmes. Enfin, quelques extraits de la correspondance jettent un éclairage sur les dernières années de la vie de Wallace Stevens, témoignant à la fois de son déclin physique et de sa vitalité intellectuelle intacte.

Wallace Stevens

Né à Reading, Pennsylvanie, le 2 octobre 1879 dans une famille de fermiers prospères, de souche hollandaise et presbytériens, Wallace Stevens fait ses études de droit à New York, se marie (il aura une fille), s’établit à Hartford, Connecticut, en 1916, entre à la Hartford Accident and Indemnity Company - où il se spécialise dans l’assurance des bestiaux -, en devient vice-président en 1934. Il meurt le 2 août 1955, dans cette même ville. « Je ne dispose pas d’un mode de penser distinct pour le travail légal et pour l’écriture de poésie. J’accomplis chacun avec l’entier de mon esprit », écrit-il en 1942. Sa « carrière » poétique sera, de fait, tout aussi sobre : il publie son premier recueil, Harmonium, en 1923, à 44 ans. Quelques livres ensuite, mais peu : Ideas of Order (1936) ; The Man with the Blue Guitar (1937) ; avec The Auroras of Autumn, en 1951, il obtient le National Book Award et accède à une certaine notoriété. En 1954, un an avant sa mort, il réunit ses Collected Poems qui sont couronnés par le Pulitzer. En savoir plus.

Presse et librairies

Ce « dernier » Stevens est impressionnant de puissance et de subtilité.

Patrick Kéchichian, Le Monde, 16 février 2006