Villes suivi de Journaux
Traduction de Stéphane Bouquet.
Publié en 1967, Villes est le premier livre de taille de Paul Blackburn. Il regroupe des poèmes écrits dans les années 50 et 60 et le livre est organisé si l’on peut dire géographiquement : New York – la France (qu’il n’aime pas tellement, voire qu’il déteste) – New York – l’Espagne (qu’il aime beaucoup) – New York. Les poèmes sont très majoritairement écrits autour de trois motifs : l’errance dans les rues & les parcs ; les femmes ; les voyages en train et en métro.
À partir de la fin de 1967, Paul Blackburn commença de composer des poèmes au jour le jour. Ces années-là semblent marquer une sorte de pause heureuse dans sa vie, induite par la rencontre de Joan et la naissance de son fils Carlos, en 1969, lesquels sont des personnages récurrents de ces pages. En décembre 70, on diagnostique un cancer de l’œsophage à Paul Blackburn. Il continue à écrire, et à fumer, considérant la mort avec un détachement volontaire. Après sa mort, Robert Kelly réunira les poèmes épars dans le volume de Journal.
Presse et librairies
[…] Se souffle personnel est projeté sur la page, chez Blakburn, un souffle d’arpenteur, avec ses accélérations, ses pauses, ses ralentissements, souffle de fumeur probablement, projeté, mais dispersé ô combien : le vers de Blackburn est imprégné d’urbanité, foule, dispersion, circulation, bruits ; c’est en observateur essoufflé qu’il marche. Autant que les significations des poèmes, la disposition des vers fait œuvre autobiographique.
Jean-Pascal Dubost, PoezibaoL’urgence se combine chez l’Américain Paul Blackburn à la vitesse de la notation : écrire à ras la puissance anonyme de sa vie.
Emmanuel Laugier, Le Matricule des Anges n° 129, Janvier 2012Paul Blackburn, sensible à l’art de Charles Oison, et à ses théories sur le vers prospectif, écrit ses vers comme il respire : ceux-ci courent sur la page, s’allongent, et s’interrompent avec le souffle – une liberté que rend possible la machine à écrire, elle permet au poète de noter, presque aussi vite qu’il pense, le vers reflet du corps et du corps dans la vie ; d’avoir à sa disposition, selon Oison, « la portée et la mesure que possède le musicien depuis longtemps ».
Marie Étienne, La Quinzaine littéraire n° 1052, 1 au 15 janvier 2012