Variations sur l’oiseau et le filet

Traduit de l'espagnol par Jacques Ancet

Novembre 1996

120 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-0593-0

15.45 €

Poursuivant dans la voie inaugurée par La Pierre et le centre (Corti, 1991), Variations sur l’oiseau et le filet de José Angel Valente propose au lecteur une suite de réflexions qui, de Léonard de Vinci à Edmond Jabès en passant par les traditions mystiques juive, arabe et chrétienne, tendent une fois de plus à établir qu’expérience poétique, expérience érotique et expérience mystique n’en sont, au fond, qu’une seule. Le langage poétique, « parole de la limite, du bord ou de l’imminence », relève d’une double métaphore: celle de l’oiseau et celle du filet, toutes deux présentes dans la tradition islamique : vol par-delà, vers le sans-nom qu’elle désigne, cette parole - cette « langue des oiseau », comme l’appellent les poètes arabes - est aussi un intense travail de tissage où l’ici et l’ailleurs, le visible et l’invisible, les ténèbres et la lumière, le savoir et le non-savoir viennent se nouer indissolublement. Le filet, nous rappelle Valente, est au cœur d’une très vieille histoire.
Je posai ma tête, dit le narrateur, sur mon oreiller et me mis à composer mentalement quelques vers (…). Soudain Abdala de Morón m’éveilla et (…) me dit : « Tu ne dors pas. Ce que tu fais, c’est composer une poésie (…) ! » Je levai alors la tête et lui dis: « Et d’où sors-tu ça ? » Il me répondit : « C’est que je t’ai vu en rêve nouer un filet ».
Quant à l’oiseau - la colombe en l’occurrence -, c’est Jean de la Croix qui lui assigne les trois propriétés suivantes : « Le vol haut et léger; l’amour dont elle brûle ; la simplicité qui est la sienne ». « Propriétés de la colombe ou de la parole », se (nous) demande alors Valente.

José Ángel Valente

Licencié en philosophie romane, José Ángel Valente a enseigné rendant quelques années à l’Université d’Oxford. De 1958 à 1980 il a vécu à Genève. Il partage aujourd’hui sa vie entre Almería, Genève et Paris. Son premier recueil obtient le prix Adonaïs en 1955. En 1994, il reçoit le Prix national de poésie.

« Il appartient par son âge à ce qu’il est convenu d’appeler la génération de l’après-guerre civile – la troisième, pour être précis ; autrement dit cette génération de poètes qui publient leurs premiers livres dans les année 50 au moment où naissent les "novisimos », les « tout nouveaux”, qui arrivent à maturité aujourd’hui. C’est dire sa position charnière dans le panorama de la poésie espagnole de ce siècle. » Jacques Ancet, Le nouveau dictionnaires des auteurs, Robert Laffont, 1994.

« Situé au carrefour de la philosophie et de l’histoire, de la poésie et de la prose, très à l’écoute des voies ouvertes par la musique et la peinture, l’écriture de José Ángel Valente est une des plus vastes et des plus profondes de la littérature estpagnole contemporaine. » (G. de Cortanze)

« José Ángel Valente, un des grands poètes du siècle, mystique, mystique de l’immanence, héritier de la tradition espagnole, nous conduit en ces chemins de l’indicible, il nous rapproche du vide, du rien (…), il ouvre ces chambres d’une interminable clarté voilée. » (Gaspard Hons, Espace de Libertés, N°205, novembre 1992)

« Suivre l’itininéraire de Valente est d’autant plus important que son œuvre est unitaire, les essais enrichissant la vision poétique sans jamais lui conférer le dangereux statut d’illustration au service d’une théorie, si belle soit-elle ». (Laurence Breysse-Chanet, Une lointaine lumière d’aube, La Quinzaine littéraire, 1/15 mai 1997) En savoir plus.

Presse et librairies

Valente se situe dans une tradition où confluent poésie et mystique, comme le réaffirment les onze brefs essais des variations. Loin de toute obédience d’ordre confessionnel, la réflexion s’attache à saisir les principales convergences qui réunissent ces deux expériences des limites ultimes du langage, puisque par nature la parole du mystique postule l’impossible en une pure tension où elle apparaît, se consumant ou se dissolvant « dans l’éclat ou la transparence de son apparition »: « parole de la limite, du bord ou de l’imminence ». c’est dans cette postulation que Valente reconnaît la parole poétique, qui reçoit pour emblèmes deux métaphores, celle de l’oiseau et celle du filet, issues de la tradition islamique.

Laurence Breysse-Chanet, La Quinzaine littéraire, 1/15 mai 1997