Une saison dans le roman

Janvier 2022

614 pages

Les Essais

978-2-7143-1273-0

26 €

Au cœur des Années folles, toute une constellation de poètes part à l’aventure du roman. D’Apollinaire à Supervielle – en passant par Albert-Birot, Beucler, Cendrars, Cocteau, Delteil, Grey, Havet, Jacob, Jouve, Mac Orlan, Morand, Reverdy, Salmon ou encore Soupault –, nombreux sont les écrivains modernistes à explorer le genre favori de l’industrie littéraire. Dans un climat d’émulation collective, ils expérimentent les formes romanesques selon des formules insolites : non seulement ils perturbent les conventions réalistes, mais ils tonifient le genre en variant ses proportions, ses rythmes, ses énonciations, ses personnages – afin de les accorder au « profond aujourd’hui ».

Ce livre vise donc à combler une lacune dans nos histoires du roman au XXe siècle. Dans une perspective sociopoétique, il montre comment, en marge des œuvres canoniques de Proust ou de Joyce, et à l’écart du surréalisme, ces textes modernistes de langue française participent au renouvellement mondial du genre. Ainsi réhabilite-t-il un corpus longtemps déclassé, ou mal classé, pour rappeler qu’il a existé en France – et bien avant le Nouveau Roman – un « roman nouveau ».

Emilien Sermier

Enseignant à l’Université de Lausanne, Émilien Sermier est spécialiste des avant-gardes littéraires. Auteur de nombreux articles, il a fait paraître en 2022 aux éditions Corti Une Saison dans le roman (Prix de la Critique de l’Institut National Genevois 2022). Il est membre du comité directeur de la revue Histoires Littéraires et du Centre d’Études Blaise Cendrars. En savoir plus.

Presse et librairies

En art comme en littérature, la France s’enorgueillit de ses avant-gardes (de Dada à Tel Quel), mais aurait manqué, a-t-on souvent répété, le tournant moderniste, dominé par les Britanniques (Virginia Woolf), les Autrichiens (Robert Musil) ou les Italiens (Luigi Pirandello). Ce cadre historique bien trop lisse, Emilien Sermier n’hésite pas à le bousculer dans Une saison dans le roman, en démontrant qu’entre À la recherche du temps perdu, de Proust (commencé en 1913), et le roman engagé des années 1930, la période intermédiaire fut l’une des plus inventives, pour une tout autre raison que le surréalisme.

Jean-Louis Jeannelle, Le Monde, 6 mai 2022

Parmi les angles morts que présente l’histoire littéraire, il en est un que l’euphorie des Années folles – celles de la vitesse, de la volupté, du progrès technique, des avant-gardes – mais aussi le prestige historique dont jouit le surréalisme et l’anathème jeté par Breton contre le roman, a longtemps maintenu dans l’ombre. Au cœur de ce XXe siècle qui commençait véritablement, Émilien Sermier a isolé – il est là l’angle mort – une constellation de poètes – Apollinaire, Pierre Albert-Birot, Supervielle, Reverdy, Salmon, Jouve, Cendrars, Delteil, Soupault, Cocteau… – qui, quasi simultanément, ont délaissé la poésie au profit du roman. Un engouement qui ne dura que le temps d’une saison (1917- 1930) mais qui correspond à l’émergence d’une mouvance résolument moderniste. Mal connu, longtemps négligé, c’est ce corpus d’œuvres et d’auteurs qu’il réhabilite dans Une Saison dans le roman, un essai qui se lit comme un roman.

Richard Blin, Le Matricule des anges