Limites de l’empathie

15 mai 2025

272 pages

Les Essais

978-2-7143-1346-1

22 €

Peut-on vraiment se mettre à la place d’autrui, se prendre pour un autre ?

Est-ce là le secret de la fiction, son opération particulière ? En lisant, nous ne cessons de régler le foyer de ce qui permet de nous reconnaître dans l’œuvre à laquelle nous participons, même passivement. Ce réglage conduit à identifier la part subjective qui est mobilisée en nous, part qui est indispensable à la participation littéraire ou esthétique. Mais il faut aussi reconnaître que cette part n’est pas le tout du sujet, qu’elle met même en rapport avec une dimension non-subjective du sujet.

La littérature est ainsi conçue moins comme le triomphe de l’empathie que comme une façon d’en éprouver le domaine, d’en interroger les bornes subjectives et morales, en tentant de savoir jusqu’où je peux me mettre à la place de l’autre.

Si la lecture a le pouvoir de me changer, ce n’est pas parce qu’elle me distrait de moi, c’est parce qu’elle vient me rappeler singulièrement que je ne sais pas toujours qui est celui qui lit en moi.
Dominique Rabaté

Dominique Rabaté

Ancien élève de l’ENS Ulm, Dominique Rabaté est professeur de littérature française contemporaine à l’Université Paris Cité où il dirige le CERILAC. Ses travaux portent sur la voix dans le récit, le roman et la poésie. Il a publié neuf essais aux éditions Corti, des études sur Marie NDiaye, Pascal Quignard et la question de la disparition dans le roman contemporain. Il a dirigé près d’une trentaine de collectifs. En savoir plus.

Presse et librairies

Présentation pour la librairie Mollat, juillet 2025

L’essai, par la multiplicité des axes de réflexion – psychique, éthique, esthétique – est très stimulant. Rabaté ressaisit, en dialoguant avec ses essais antérieurs (Poétiques de la voix, Le roman et la vie…) et avec les philosophes contemporains – dont l’index montre le nombre et la présence – une réflexion pragmatique qui le hante. Que peut nous dire de nous la littérature ? des sujets que nous sommes, de nos actes et de nos valeurs, des espoirs qui nous restent dans un monde désenchanté et déboussolé ?

Marie-Hélène Boblet, Elseneur, numéro 40