Un beau ténébreux

Janvier 1945

258 pages

Domaine français

978-2-7143-0307-3

19 €

Un beau ténébreux est un roman des astres et de la catastrophe, c’est-à-dire du destin sur fond de vacances et de dérive du temps ; vacuité des personnages en attente, dans un théâtre vide. L’arrivée d’Allan va déclencher un maelström où tous les personnages vont perdre la tête. Allan est venu sceller le destin. Tout dorénavant se déplacera par rapport à lui.

Revue 303

Comme Au château d’Argol, le second livre de Gracq sera l’histoire d’une fascination, comme lui et de façon plus insistante encore il sera marqué du sceau des affinités électives. L’identité sociale et psychologique des personnages s’efface devant la réalité de leur désir et de leur tentation. Mais depuis Argol la mise en scène de leur drame s’est singulièrement enrichie et compliquée. La théâtralité de l’action s’accentue, le nombre des acteurs s’accroît, les rôles se diversifient. […] Au discours de la passion viennent s’entrelacer le discours du doute et celui de la contestation.

Bernhild Boie

Julien Gracq

Julien Gracq est né le 27 juillet 1910 à St Florent-le-Vieil sur les bords de la Loire, entre Nantes et Angers, commune dans laquelle il se retirera, très éloigné des cercles littéraires et des parades mondaines, jusqu’à sa mort en 2007. Agrégé d’histoire, Julien Gracq débute sa double activité en 1937. D’une part il entreprend son premier livre, Au château d’Argol, et de l’autre, il commence à enseigner, successivement aux lycées de Quimper, Nantes, Amiens, et se stabilise au lycée Claude-Bernard à Paris à partir de 1947, jusqu’à sa retraite en 1970. Signalons qu’il sera professeur sous son vrai nom, Louis Poirier, et écrivain sous le nom plus connu de Julien Gracq, qui construit continûment, après ce premier ouvrage, une œuvre de romancier, de poète, de nouvelliste, de dramaturge et d’essayiste. Traduites dans vingt-six langues, étudiées dans des thèses et des colloques, proposées aux concours de l’agrégation, publiées de son vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, les œuvres de Julien Gracq ont valu à leur auteur une consécration critique presque sans équivalent à son époque. En savoir plus.

Presse et librairies

On ne sort pas indemne d’un livre de M. Julien Gracq. Ah ! non. La lecture de ces deux cent vingt pages vous éprouve, vous épuise, alors même que vous avez pris une sage façon de le lire : par étapes, par doses. Non seulement vous n’en sortez pas indemne, mais vous n’en sortez pas du tout. Il est difficile de prétendre qu’on a lu cet ouvrage. Voici la plus bouleversante sensation (et le plus grand plaisir, la plus sûre justification d’une lecture) qu’on puisse éprouver : non pas qu’on ait lu mais qu’on soit lu, et non pas qu’on lise un livre, mais qu’il vous lise. C’est ce que je n’ai cessé d’ éprouver à la lecture du Beau ténébreux, et je ne cèderais pas à l’avouer si je doutais que d’autres y puissent trouver un même sort.

Max-Pol Fouchet, Les lettres françaises, 7 avril 1945

Un beau ténébreux se détache avec le sombre éclat et la rareté d’un diamant noir sur le fond, cependant très varié, de la littérature romanesque contemporaine. Il y fait apercevoir des perspectives, des possibilités curieuses de rajeunissement et d’intérêt.
L’auteur, M. Julien Gracq, n’était jusqu’ici connu que par un conte, ou récit, chargé de mystères et de beautés, mais qui était moins roman que récit en prose lyrique : Au château d’Argol. Le grand public ignora M. Julien Gracq et le nombre de ses lecteurs n’est pas encore très étendu ; mais ceux qui l’admirent éprouvent à son égard un intérêt tout particulier.

Edmond Jaloux, Psyché, Juillet-août 1947