Autour des sept collines
« Je n’ai jamais été à Rome », écrivait Julien Gracq dans Lettrines 2, et il poursuivait : « Un jour ou l’autre me verra bien sur ses chemins, puisqu’il paraît que tous y mènent, mais qu’y trouverai-je ? » Cette probabilité, envisagée sans excès d’enthousiasme, trouva à se réaliser au printemps 1976.
Bernhild Boie
« Quelle étrangeté que d’enclore l’idée d’empire universel dans un nom de ville ! et de l’y laisser oubliée depuis quinze cents ans. Il y a une atmosphère de déshérence distraite qui est propre à Rome. On se promène dans ses rues, on est retenu par l’échelonnement démesuré au long des siècles des souvenirs monumentaux, par la prolifération des édifices insignes, par l’entassement des œuvres d’art ― cependant que le sentiment diffus d’une absence, d’une vacance centrale se fait jour. Comme si on parcourait les salles d’un palais où le maître fabuleux de céans, par quelque lubie incompréhensible, se fait celer, et n’y est plus pour personne. »
Julien Gracq, Autour des sept collines, extrait
Presse et librairies
Dès les premières lignes on retrouve un Julien Gracq au vitriol qui prévient gentiment son lecteur. « Le respect est une attitude dans laquelle je ne brille pas beaucoup. »
Laurent Lemire, La CroixEt c’est un grand livre que cette flânerie dans Rome et autour de Rome, parce que, fondée sur le mouvement d’une humeur massacrante et bien décidée à massacrer en effet les conventions de la beauté que nous allons cautionner au fil de nos huit jours de transhumance culturelle, pension comprise, sa vigilante promenade, tout occupée à démythifier les automatismes extasiés du prêt à rêver qui embouteille les aéroports, ne détruit les conventions romaines que pour capter, paradoxalement, au terme d’une irrévérencieuse enquête, un peu de la vraie magie de la capitale italienne.
Renaud Matignon, Le Figaro