Trois éveils
Certaines lectures éveillent, d’autres nous plongent dans le sommeil. Certains films ou certaines séries aussi, même si, pour la plupart, ces dernières visent plutôt à ne jamais nous endormir. Et puis il y a l’actualité politique qui se rappelle en permanence à nous, sur tous les écrans du monde, alors que le discours ambiant condamne l’éveil. Ces paradoxes forment le cœur de Trois éveils qui se présente comme une enquête personnelle dans les livres et les fictions à l’occasion de trois événements collectifs. Durant un confinement, c’est l’éveil forcé de Baudelaire qui remonte à la surface. Pendant des élections, c’est l’éveil comme résistance de Victor Klemperer qui est retraversé. Puis lors d’une longue séquence de grève, Rose, protagoniste de deux films récents, apparaît comme dans un rêve. Sa révolte, comme toutes les révoltes, est éblouissante, puissante et fragile.
Avec Trois éveils, Lionel Ruffel poursuit l’écriture d’une histoire littéraire tramée et suscitée par l’actualité politique et les affects personnels.
Presse et librairies
[…] Ce que vise Ruffel dans cet essai d’auto-théorie, c’est l’aptitude de la littérature à inventer une langue soustraite à celle du pouvoir, ce qui passe par l’invention de nouvelles formes et de nouveaux dispositifs d’écriture. Il s’agit donc de scruter quelles formes d’art adviennent dans ce hors-champ.
Félix Gatier, ArtPress, 20 novembre 2024Lionel Ruffel fait du brouhaha du monde narratif le berceau d’un éveil possible : l’éveil que les récits activent lorsque la forme narrative s’adosse à l’émancipation sociale.
Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles, 22 octobre 2024Un passionnant journal de lectures.
Amaury da Cunha, Le MondeLoin de toute amertume ou de tout défaitisme, c’est au contraire avec une sorte d’alacrité oserait-on dire vengeresse que Lionel Ruffel décrit les combats d’aujourd’hui - et les guerriers et guerrières qui s’y livrent.
Thierry Cecille, Le Matricule des Anges, octobre 2024Disons-le sans attendre : avec « Trois éveils » paru ces jours-ci chez Corti, Lionel Ruffel signe un essai majeur de notre temps, sans doute un des livres les plus courageux, lumineux et indispensables. À rebours d’une pensée éditorialiste, véhémente et affirmative, Ruffel pose dans cet essai, conçu en trois vagues successives, une déprise consciente des attentes ultra-contemporaines pour interroger les horreurs politiques que traverse notre époque.
Johan Faerber, Collateral, 27 septembre 2024« J’ai eu envie de travailler sur mon propre rapport au sommeil dans le brouhaha du monde – de l’actualité politique, des réseaux sociaux –, considérant qu’il n’est pas singulier, mais probablement très partagé. Ce faisant, j’ai repris un texte de Baudelaire que j’aime beaucoup, la lettre dédicace qu’il écrit pour Arsène Houssaye au moment de publier ses poèmes en prose. Dans ce texte, il y a trois expressions : « les ondulations de la rêverie », « les soubresauts de la conscience », « les mouvements lyriques de l’âme » qui me faisaient un peu rêver, et particulièrement rêver d’écrire un livre selon ces trois tonalités : ondulations, soubresauts, mouvements lyriques. Même si, en cours de route, je l’ai oublié, et que le livre a failli à plusieurs reprises devenir tout à fait autre chose, c’est finalement à peu près ce que j’ai fait. Le livre, en creux, raconte comment les soubresauts de la conscience ont dévoré les ondulations de la rêverie et les mouvements lyriques de l’âme (je précise que j’enlève toute religiosité à ce mot). J’imagine que c’est une expérience commune lorsque notre attention est en permanence sollicitée. »
Lionel Ruffel dans son entretien avec Emmanuèle Jawad pour Diacritik, 12 septembre 2024