Dialogues en public
Traduit de l'italien par François Dupuigrenet Desroussiles
Préface de Florent Lahache
Des lettres arrivent par dizaines de Turin, de Florence, de Milan, de Naples, de Rome ou de Parme. Elles sont écrites par des mécaniciens, des lycéens, des ouvriers, des jeunes communistes, des bibliothécaires, des catholiques. Elles adressent à Pasolini toutes sortes de questions : la solution à un dilemme moral, des conseils de lectures, comment concilier engagement politique et vie de famille, un jugement sur l’Ulysse de Joyce, une définition de l’intellectuel engagé, un commentaire sur la tentative de suicide de Brigitte Bardot, le fascisme, le chômage ou la représentation des ouvriers au cinéma… Et Pasolini de répondre, assidûment, souvent longuement, chaque semaine, dans les pages d’un magazine à grand tirage.
Cette correspondance improbable existe : elle fut publiée dans l’hebdomadaire communiste Vie Nuove entre 1960 et 1965 sous la forme d’une rubrique sobrement intitulée « Dialoghi con Pasolini ».
La présente anthologie en reprend les échanges les plus marquants qui permettent de saisir la singularité de cette expérimentation épistolaire mais aussi d’éclairer les intentions de l’écrivain-cinéaste, ses choix artistiques, ses analyses sur la censure, la sexualité, la religion, les avant-gardes, la littérature et le cinéma. Personnel mais collectif, spontané et théâtral, ce courrier des lecteurs est comme le laboratoire de l’œuvre en train de se faire : le lieu d’une pensée politique qui court-circuite le système de la parole autorisée et expérimente le langage comme une matière collective.
Presse et librairies
« Pasolini a pensé nécessaire d’interroger la toute-puissance de l’auteur. »
Un entretien de Florent Lahache, Marie de Quatrebarbes et Maël Guesdon avec Fabien Aviet pour Diacritik, 7 septembre 2023Je rêve d’un journal où l’on pourrait lire ce type d’échanges, entre des gens du peuple et un artiste, un intellectuel d’une telle force.
Philippe Lançon, Charlie HebdoLa poésie est politique, l’art est politique contre l’ordre fasciste du monde. […] C’est cette existence non fasciste que convoque et rappelle Dialogues en public autant que la nécessité de reprendre encore et toujours, de répéter aujourd’hui encore, la pensée et le projet de Pasolini.
Diacritik, 28 juin 2024Pasolini ne veut pas jouer au maître, et les échanges ressemblent moins à des leçons qu’à des dialogues, où le tutoiement est de mise. Ceux qui lui écrivent parlent de leur vie, ce qui le pousse à lui-même se livrer et se raconter très simplement.
Marco Uzal, Les Cahiers du cinémaLe critique, l’activiste, le cinéaste, font dialoguer chacun avec les croyances populaires issues des pratiques religieuses imposées, soit le fond culturel des italiens, les formes multiples d’art de Pasolini forçant ces mondes supposés étanches à reconnaître leurs influences réciproques et leurs apports mutuels, et à briser l’atomisation de la société.
René Noël, SitaudisDialogues en public sabote la forme du roman pachydermique pour élaborer un dispositif littéraire qui court-circuite le système de la parole autorisée vers le montage d’une pensée politique vivante, intempestive et dignement tissée par le quotidien et son infra-écriture.
Julien, librairie Page et PlumeParution passionnante aux éditions Corti, pleine de fulgurances et de brûlantes considérations : l’anthologie des échanges épistolaires de Pier Paolo Pasolini avec des lecteurs de la revue Vie Nuove dans les années 60. Lecture impérative, comme toujours avec Pasolini.
Librairie Cultures obliques (Marseille)