Sentinelles du néant
Traduction de Claire Cayron.
Publié conjointement avec Bis, ce recueil inaugure la publication complète de l’œuvre de Harry Laus (Brésilien, 1922–1992), aux éditions Corti.
Un écrivain hanté par la question de son utilité et de sa liberté, revit à sa façon l’histoire de Blanchette, la chèvre de Monsieur Seguin.
Un employé de bureau obsédé par le projet humanitaire d’arrêter le Temps, se tue à reproduire le paradoxe du philosophe d’Élée.
La population d’un village côtier du Far South brésilien, visitée par une apparition, affronte le phénomène dans la naïveté, le délire, la fuite ou la stratégie. Et seul le mystère est gagnant.
Harry Laus, écrivain, critique d’art, et militaire jusqu’au coup d’État de 1964, a écrit ces trois nouvelles réunissant quelques insomniaques de l’absolu à des périodes cruciales de sa vie : Les réveils de Zénon des Plaies est, en 1957, sa première publication, sous l’uniforme de capitaine de l’armée brésilienne ; Sentinelle du néant accompagne, en 1991, un diagnostic fatal ; Le Saint magique est la réécriture compulsive, dans le mois précédant la mort de l’auteur en 1992, d’un ouvrage antérieur de dix ans.
Claire Cayron
Presse et librairies
Qu’est-ce que l’intériorité ? semble se demander Harry Laus. Qu’est-ce que la stimulation solitaire de l’écriture, que vient troubler la précision du fantasme ? Le vide, la page blanche, le silence absolu hantent l’écrivain que l’on sent menacé par une sorte de mutisme angoissé. Harry Laus choisit le camp des narrateurs poètes, plutôt que celui des raconteurs d’histoires. Il est du côté des Sandro Penna, des Umberto Saba, des Valéry Larbaud.
René de Ceccaty, À quoi servent les larmes, Le Monde des Livres, 20 mars 1998Dans les interstices du réel, Harry Laus trouve sournoisement des folies, des absurdités, des farces. [C’est] un mathématicien du hasard, un scrupuleux de l’étrange, un manique du dérangement, de la folie progressive, de l’autre monde qui se déverse à grands flots sur celui-ci. Quand les écrivains du Brésil dansent et chantent, puisque c’est ainsi qu’on les montre, Harry Laus, ironique, monte la garde. Sentinelle du néant.
Manuel Carcassone, Harry Laus, Un Maniaque de l’étrange, Le Figaro, 19 mars 1998
Avec la sortie de deux recueils de nouvelles, les éditions Corti entament la publication des œuvres complètes d’Harry Laus, écrivain brésilien atypique, mort en 1992. Deux premiers pans nous sont dévoilés.
Ils en disent long sur l’originalité et la diversité d’un travail, qui comme l’écrit Claire Cayron la traductrice, « porte la marque du nomadisme ». Harry Laus a sillonné de nombreuses régions du Brésil, écrit ses textes « partout et n’importe où ». Militaire jusqu’en 1964, puis critique d’art, directeur de musée, son œuvre semble construite à l’image de cette vie errante. Laus excelle dans la description de lieux sans attaches. Ce n’importe où, c’est un port, un village, une rue, parfois une simple maison. Le génie de l’écrivain consiste à transformer ce n’importe où en partout. Il lui insuffle la dimension de l’universel.