L’Île du Cundeamor
Traduction de Bernard Michel.
Si vous n’aimez ni la mer, ni la montagne, ni la campagne, ça tombe bien : L’Île du Cundeamor ne se passe nulle part. Si, malgré la mode de la world-littérature, vous résistez à vous apitoyer consciencieusement sur le sort de ces bons sauvages crevant de faim, de guerre, de dictature ou d’acculturation, ça tombe encore mieux : voilà un Cubain de l’exil pour qui l’exil est matière à poétique plutôt qu’à bons sentiments. […] Cette île mystérieuse où la tante Ulalume règne sur un panier de crabes-malfrats […] se situe […] théoriquement au large de Miami Beach. Outre qu’il utilise à peu près toutes les situations narratives imaginables (jusqu’à se déposséder de son livre, dont on apprendra in extremis quel en est l’auteur !), [Vazquez-Diaz] mélange tous les genres, avec une préférence marquée pour le feuilleton mélo. De temps en temps les personnages se mettent à parler aussi comme des livres, d’histoire ou de médecine […]. Enfin, Vazquez-Diaz se joue des clichés de la littérature sud-américaine, en rajoute dans l’érotico-moite et la plante grasse. Mais s’il n’est dans l’Île du Cundeamor finalement question que d’amours, de cocufiages, de meurtres et de roses couleur de sang, le tout dans un style à faire pâlir d’envie une pub pour les infusions saveurs du soir, c’est que le cul et la politique sont ici inséparables : « Tout le monde m’a trahie », résume dès le début Betty Boop, désignant les cibles du livres : « Fidel Castro, Kennedy, mes amants. »
(Éric Loret, Purée de Morue, Libération, 13 novembre 1997.)
Presse et librairies
L’Île du Cundeamor est merveilleusement écrite, prose cadencée, elliptique et dévastatrice, un exemple d’art narratif, conçu pour réfléchir sans colère et se moquer sans frivolité.
La Nouvelle EspagneComme dans les poupées russes, une fiction enserre une autre fiction, et une autre et une autre encore ; et chacune d’elles, une parcelle de réalité qui, au lieu de se rétrécir, s’agrandit avec fluidité dans un magnifique livre, divertissant, sarcastique, fantaisiste, démystificateur et belliqueux.
La VanguardiaUne expérience de lecture extrêmement agréable. Avec un style agile, insolent, pluriel par ses tons et ses registres – solennel mais aussi comique, narratif mais aussi dialogué –, avec un pouvoir indéniable d’incorporation de la réalité, avec tant de richesses et d’insolence verbales, Vázquez Díaz a écrit le récit de l’exil cubain.
El PaïsL’écrivain le plus brillant de sa génération et un de nos grands romanciers… Je suis convaincu que le temps n’est pas loin où ce Cubain sera l’orgueil de ceux qui le diffament.
El nuevo HeraldL’écriture de Vazquez Diaz, précise et désinvolte, solennelle et comique, élaborée et quotidienne, réussit à tirer d’élément disparate une conclusion diaphane : le rêve de tous les Cubains, qu’ils sopient de l’intérieur ou en exil, n’est autre que Cuba elle-même.
Ramon Chao, Le Monde, 10 avril 1998