Le Vaisseau fantôme

Traduit de l'anglais par de A. J. B. Defauconpret.

Janvier 1998

528 pages

Merveilleux

978-2-7143-0655-5

20.85 €

Oublié – peut-être pour avoir osé publier des romans pour la jeunesse et, pire, connaître un franc succès grâce à eux –, Marryat est avant tout un conteur-né qui suscitera l’engouement de personnalités aussi diverses que Woolf, Coleridge, Conrad, Ruskin, Thackeray ou Daudet. Même s’il n’est pas le premier – Smollett l’a précédé – “Captain” Marryat fait entrer par la grande porte l’aventure maritime dans la littérature. Si Marryat est peu intéressé par l’aspect métaphysique de la mer – comme le seront Melville et Conrad –, il en fait – alliée ou ennemie, salvatrice ou destructrice – un personnage à part entière, tout comme les grandes forces élémentaires : le vent, le soleil, les éclairs. La mer est un théâtre, le voyage un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte lors duquel réel et imaginaire tiennent tour à tour la barre. La mer est aussi cette ultime ordalie devant laquelle personne ne peut mentir – les croyances, la loyauté, la moralité y sont rudement mises à l’épreuve.

Le charme du Vaisseau fantôme est intact, telle une eau de jouvence pour des esprits imprégnés de freudisme et de doute qui, peu enclins à croire aux héros, restent néanmoins avides de péripéties endiablées, d’humour et de vigueur. Le Vaisseau fantôme n’est pas un roman psychologique : pas de diable qui révélerait l’ange, pas de héros qui masque un pleutre. Toutefois, à la faveur d’une description nette et ciselée de tous ces personnages au caractère univoque qui le hantent : Philippe, le vrai héros en quête, Amine, son grand amour – figure de légende à elle seule –, Schriften, son adversaire pugnace au rire surnaturel, Krantz, son ami valeureux au destin tragique et toute la cohorte de capitaines obsédés, de pères avares ou de prêtres fourbes, c’est une véritable comédie humaine qui se joue sous les yeux du contemporain, captivé par ce sens du récit dont la littérature populaire du XIXe siècle a détenu le secret.
Si le lecteur a dans l’oreille les quelques phrases musicales de la version que donne Wagner du Hollandais volant, ou dans l’œil l’apparition mythique d’Ava Gardner devant James Mason dans Pandora, nul doute que cette traduction antérieure du mythe tiendra, dans sa mémoire, la comparaison.

Presse et librairies

Marryat donne une version tout à fait passionnante du Vaisseau fantôme. Il fait sans hiatus coexiter un roman réaliste, roman fourmillant d’épisodes qui tiennent le lecteur en haleine, avec le fantastique de la légende du vaisseau fantôme, et ce d’autant plus brillamment qu’il ne la modifie pas et parvient même à l’intégrer parfaitement aux aventures qu’il brode autour pour tenir notre attention en éveil.


Philippe Cassou, Le Mensuel littéraire et poétique N°264, novembre 1998

C’est le mérite des éditions José Corti d’avoir tiré de l’oubli cette œuvre attachante voguant vers le mythe (…) qui évolue entre envoûtement, perdition et égarement avec une richesse d’accents peut-être unique. Il mêle réalisme cru et merveilleux de tonalité gothique. Une lecture roborative.


Philippe Di Meo, Art Press
, 1998

(…) C’est aussi un formidable roman d’aventures maritimes où l’on découvre la navigation au XVIIe siècle et la vie épouvantable des marins sur certains bateaux, la guerre que se livraient Hollandais et Portugais pour la conquête des Indes orientales et des routes commerciales. Profondément novateur pour son temps, Marryat dénonce aussi le totalitarisme de l’Église et de l’Inquisition. (…) Un livre rare, une pièce maîtresse et pourtant inconnue.

CS, Inter CDI, janvier 1999

Tempêtes, naufrages, personnage démoniaque, sans oublier la passion d’une femme, aucun ingrédient du genre ne manque au « Vaisseau fantôme ». On lit avec des yeux d’enfant.


Benoît Broyard, Le Matricule des Anges, janvier 1999