Bambou-Vert
Anthologie de contes de Chine
Traduit du chinois par Blanche Chia-Ping Chiu
Les premières grandes collectes de contes populaires commencèrent en Chine dans les années 1920 et aboutirent à des publications très impressionnantes. Plus de 7300 contes furent ainsi collectés au fil du temps. Plusieurs anthologies (celle de 1989 en 40 volumes ou celle de 2017 en 31 volumes) réussirent un exploit sans équivalent dans le monde en conservant un patrimoine culturel immatériel exceptionnel avant qu’il n’ait disparu.
Blanche Chia-Ping Chiu s’est appuyée sur les deux plus grands catalogues de contes populaires existants et en a retenu 50 pour offrir, après des années de travail, aux lecteurs français, la première grande collecte de contes populaires de Chine, à partir de 100 ans de collectes et de 2000 ans d’histoire.
Son choix qui relevait d’un défi n’est au départ lié ni aux ethnies, ni à la localisation. Blanche Chiu a voulu à la fois nous proposer les contes les plus connus, les mieux construits, voire les plus insolites mais qui, en même temps, illuminent le regard, font tendre l’oreille et de tous, on peut dire : « Voilà, c’est ça, un conte chinois ! ». Chemin faisant, c’est finalement tout un panorama territorial et ethnique qui se dessine là, dans l’enchantement.
Presse et librairies
En Chine, la collecte des contes populaires commence vers 1920, puis donne sa pleine mesure au cours des années 1980 dans une opération commandée et financée par l’État, qui mobilise des dizaines de milliers de chercheurs. Leur transcription reflète-t-elle l’idéologie politique ? « La réponse est incertaine », admet la traductrice, « difficile de ne pas se demander quels sont les critères et le degré de ce remaniement. » En effet, d’autant plus qu’elle n’emploie qu’une seule fois le mot « communiste », et jamais le nom de Deng Xiaoping, alors que sont énumérées les dynasties impériales. Difficile aussi de démêler l’écrit de l’oral, les couches de traductions successives, les influences indiennes, mongoles, bouddhistes ou taoïstes.Ce sont les versions « considérées comme les plus jolies et les plus construites », réparties sur l’ensemble du territoire, qui ont été choisies ici.
Dominique Goy-Blanquet, Des tigres par milliers, 18 avril 2022