Tainaron
Traduit du finnois par Pierre-Alain Gendre.
Malgré son titre rébarbatif, ce livre qui a été traduit dans de nombreuses langues ne l’était pas encore en français alors que c’est une œuvre extrêmement originale, qui fait penser parfois à Kafka, ou à un conte à la Voltaire.
Tainaron consiste en une série de lettres envoyées par une femme d’une ville qui porte ce nom à un ancien ami ou amant resté au pays, de l’autre côté d’un vaste océan. On ignore pourquoi elle s’y trouve. C’est une ville peuplée d’insectes où un ami qu’elle s’est fait sur place, le Capricorne, la guide à travers le dédale de ses rues, l’étrangeté de ses us et coutumes, les dangers et la beauté d’un monde en perpétuelle métamorphose.
Chaque lettre ou presque nous parle d’un aspect particulier de cette ville inquiétante et extraordinaire : de ses jardins aux fleurs géantes qui peuvent vous gober tout entier, d’un curieux cortège qui emplit les rues comme un fleuve, d’immolations sur une colline dominant la cité, d’une reine des bourdons qui collectionne les souvenirs heureux des autres, d’un prince oublié de ses propres sujets… Au milieu de tout cela, la narratrice cherche son chemin et sa place, entre les souvenirs de son monde ancien et les sollicitations d’une étrangeté à la fois inquiétante et fascinante.
À propos de son livre, Leena Krohn a dit :
« Plus on observe les insectes et plus il apparaît que tout ce qui se passe dans leur monde trouve un équivalent dans le nôtre. Nous vivons des réalités parallèles sur cette étoile, et pourtant nous, ses habitants, ne nous connaissons pas. Toutes les créatures vivantes sont liées les unes aux autres par de nombreuses dépendances mutuelles. Je ne crois pas avoir vraiment une philosophie. Je suis juste choquée par la beauté éphémère de la vie, humaine ou autre. C’est en réponse à cette blessure que j’écris ce que j’écris. »
Presse et librairies
Entre récit de voyage et quête introspective, l’une des grandes voix de la littérature finnoise nous met face à nous-mêmes au pays des insectes.
Yann Fastier, « Des milliers de bourdons », Le Matricule des Anges n°203, mai 2019