L’abîme

Couverture du livre L’abîme

Traduit du persan par Derayeh Derakhshesh

Février 2016

152 pages

Littérature étrangère

978-2-7143-1172-6

16 €

Ouvrage réédité en 2025 : L’abîme

« Pratique le non-agir et tout restera dans l’ordre » : voilà la seule certitude de l’écrivain iranien Sadegh Hedayat (1903-1951) converti au bouddhisme. Tel est le sens des nouvelles recueillies dans L’abîme, qui aurait aussi bien pu s’intituler La Méprise. Naître et vouloir vivre, c’est la double méprise qui nous gouverne. Les personnages de Hedayat pataugent dans le malentendu. L’un se croit trahi, abandonne femme et enfant ; l’autre s’éprend d’un mannequin en porcelaine ; un troisième se tue par superstition, par dépit et défi ; le dernier se précipite au rendez-vous avec sa maîtresse mais se retrouve à visiter seul un cimetière. L’homme – Hedayat ne se lasse pas de le répéter – est un « enterré vivant » auquel on a crié : « Va-t’en et meurs. » Seule la mort le rappellera à sa vérité première. Tant qu’il erre sur les confins de l’existence, il n’entend que la ritournelle de la méprise.
Dira-t-on de Sadegh Hedayat qu’il est un maniaque du morbide qu’il n’écrit que sur la mort et pour les morts ? Il répondra : « Si sévèrement que les gens me jugent, ils ne savent pas que je me suis jugé avec encore plus de sévérité, ils se moquent de moi et ignorent que je me moque d’eux encore plus. Je déteste et le lecteur et moi-même. »

  • Roland Jaccard

Sadegh Hedayat

Sadegh Hedayat (1903-1951) est l’auteur d’une œuvre étrange et sombre, marquée par la hantise du suicide. Son chef-d’œuvre, La Chouette aveugle, a été publié par Corti en 1953. Ont suivi : Enterré vivant (1986), L’abîme et autres récits (1987), Les Chants d’Omar Khayam (1993), L’Eau de jouvence et autres récits (1996), Madame Alavieh et autres récits (1997). En savoir plus.

Presse et librairies

L’abîme regroupe cinq nouvelles de la même veine, comme par exemple « La Chambre noire » dont l’angoisse carcérale annonce déjà l’atmosphère asphyxiante de la chambre-tombeau du narrateur dans La Chouette aveugle. Y apparaissent de même les facettes hallucinantes de certains thèmes pathologiques comme l’obsession tragique de la jalousie — « l’Abîme », l’absurdité surréaliste de certaines manies névrotiques — « Le Mannequin derrière le rideau ».

Daryush Shayegan, La Quinzaine litéraire, 1/15 mai 1988