Hors
Personne, le précédent recueil de Christian Hubin, s’interrompait sur un son dont toute l’existence retentit. Avec Hors, se poursuit une quête dont la spirale tour à tour se resserre et s’élargit autour d’un point inaccessible, présent dans les êtres et les choses, mais d’où tout est perçu comme à l’état de naissance – dans un temps antérieur à toute naissance, dans un accomplissement à jamais différé. Rien d’abstrait pourtant dans cette langue dense, tendue, en brèves lueurs au bord de l’inarticulé. Une parole nue, ici et hors, dans un contre-jour où elle irradie, adore sans espoir – est le support de son silence.
Presse et librairies
L’aventure poétique de Hors est à la fois très belle et terrifiante. C’est celle d’une sorte de forage intime de l’être. Les mots, telles des vrilles, creusent et tournent en creusant, pulvérisant peu à peu le corps et le projetant « hors ». La substance se disperse toujours plus loin à l’extérieur, mais plus on se perd hors de soi, plus on s’approche de son identité vraie, ce point infinitésimal au cœur de soi-même « où chacun, sans lui, immobile – Où lui-même coïncidera. » À la recherche d’une parcelle authentique de soi, l’être doit se détruire totalement pour y parvenir : « Le vide scelle l’unité ».
Anne Debeaux, Recueil, N°16, octobre 1990