Un bout du pré

Janvier 2017

216 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-1177-1

20 €

Si lire remplace le monde c’est par le monde. Le livre compose ici un paysage de lectures et de réflexions que la marche ou le regard parcourent. Dans un paysage il y a des poussières et des massifs, beaucoup d’allures s’y croisent, le livre essaye de ne rien mépriser du petit bout du pré qu’il envisage.
Il ne s’agit pas de rendre compte de la littérature mais de repérer dans les livres qui passent les allures qui bougent le paysage que le plaisir de la peinture dessine, du ciel peuplé jusqu’aux déserts et aux sentes obscures. Le plaisir de lire se double alors de la joie de réfléchir ce plaisir, jusqu’à l’idée pourquoi pas, jusqu’à la saveur en tout cas qui dure un peu sur la langue.
Le paysage qui dessine ici le livre entre plaisir de l’œil et joie de penser n’est pas qu’une métaphore, il rythme la promenade ardente de lire et d’écrire, de regarder. On glisse, on grimpe, on bifurque, on clopine et la perception se perturbe. Lire est une façon d’aimer. Aimer ne sait rien, tatonne lentement vers la surprise, le tremblement du plaisir. Je ne sais rien dit lire mais je regarde beaucoup. Mon acte de regarder lit, d’un point de vue que vous changez, le monde où je vis.
On voudrait dire merci, petits et grands, d’avoir peuplé la douleur de vivre dans un monde idiot pour ne pas dire méchant.

Caroline Sagot Duvauroux

Peintre et poétesse, (1952 - 2024) a mené à Crest, dans la Drôme, une vie entièrement consacrée à ses deux passions. Elle a publié de nombreux recueils chez divers éditeurs (Unes, Barre parallèle, Ennemis de Paterne Berrichon) et chez Corti. Avec son compagnon Michel Anseaume, elle s’est par railleurs occupée d’un marché du livre consacré aux petits éditeurs. En savoir plus.

Presse et librairies

Le regard, ici, est une main : il tend, serre, caresse, souligne et soigne, et fait surgir, ou ressurgir, des couleurs, des émotions et des formes. Et c’est bien un « monde de lire » qui se déploie page après page, dont chacune constitue un petit terrain qui cultive l’amour des mots et la contemplation d’un sens, lui-même entendu comme sève et jaillissement.

Anne Malaprade, Sitaudis, 27 avril 2017

Fondamentale, au cœur de l’ouvrage, cette question : « Depuis qu’on dit qu’elle meurt la poésie on se demande si mourir n’est pas sa vie même. ». Il faut alors des « joueurs », dans le jardin de la poésie, égrener les innombrables prénoms puis dire la langue, le poème comme le paysage, le livre comme l’herbe.

France Burghelle Rey, Poezibao, 12 mai 2017