Robert Baroque

Traduit du hongrois par Georges Kassaï et Gilles Bellamy

Septembre 1998

352 pages

Littérature étrangère

978-2-7143-0659-3

20.85 €

À dix-huit ans, Milklós Szentkuthy, de son vrai nom Miklós Pfister, décide de noter dans son journal, en même temps que les menus événements de sa vie de lycéen, ses rêves, ses ambitions, ses tourments, ses combats intérieurs. Il en résulte un ouvrage brûlant, un récit truffé de méditations, de prières, et d’ébauches de romans, qui surprend par la violence de son ton et par l’imagination débridée de son auteur. Le livre n’a été publié qu’en 1991, trois ans après la mort de Szentkuthy.
Le jeune Robert Baroque est aux prises avec ce qu’il croit être une contradiction insurmontable entre l’ascèse et l’érotisme ; entre, d’une part, son désir de perfection, sa profonde religiosité, son aspiration à la sainteté, et, d’autre part, « le péché », les exigences de sa chair, ses fantasmes, ses rêves lascifs. Les arts, la littérature – qu’il pratique avec talent mais à laquelle son excès de scrupules et, parfois, son manque de confiance en lui-même l’empêchent de s’adonner entièrement –, ne peuvent suffire pour calmer son éternelle insatisfaction. D’où son insurmontable désir d’évasion, qui nourrit son inspiration – « Je voudrais écrire des récits hauts en couleurs, pleins de mystères et de rebondissements, ce serait là, pour moi, l’évasion » –, et le fait prendre en horreur la fatuité de ses camarades en mal de création littéraire.
Ce roman fournit donc – entre autres – plus d’une clé aux exégètes de cette œuvre étourdissante. Mais, en fin de compte, l’attrait qu’exerce sur notre lycéen le baroque, avec sa démesure, ses audaces, voire son hystérie, ne fait que le confirmer dans sa foi en Dieu.

Miklós Szentkuthy

Les grandes lignes de la biographie de ce professeur d’anglais ne sont pas compliquées : il aura passé sa vie à lire à écrire et à traduire (Swift, Dickens, et surtout Joyce à qui on a pu l’apparenter). (…)
Le monde du mythe fascine Szentkuthy autant que le plaisir des corps. Dans une débauche d’imagination visionnaire, ce savant profondément enraciné dans la culture européenne résume l’Europe, lui rend hommage, lui dit adieu.

Szentkuthy est un esprit universel : intéressé par l’esprit comme par la matière, par la nature comme par les êtres humains, déchiré entre une esthétique riche, foisonnante, baroque, spectaculaire, et la linéarité de l’ascétisme et des mathématiques, il ne fait que chercher des associations dans le monde des choses. L’abstraction, le passage de l’analyse macroscopique à la synthèse généralisatrice, une écriture prolixe, impétueuse, fantaisiste, font de Szentkuthy un écrivain peu accessible mais d’une richesse inépuisable.

Eva Toulouze, traductrice de Vers l’unique métaphore et de En lisant Augustin En savoir plus.

Presse et librairies

La même ambivalence, les mêmes oscillations entre vanité et humilité, fantasme de littérature totale et rejet de tout compromis, se retrouve dans le deuxième ouvrage de celui qui avouait avoir “voulu tout voir, tout lire, tout penser tout rêver, tout avaler.”


Pierre Deshusses, Le Monde, 5 février 1999


[…] Matière en fusion d’un souffle exténuant […]

Bruno Gendre, Les Inrockuptibles, 4/9 novembre 1998