En lisant Augustin

Traduit du hongrois par Eva Toulouze.

Mars 1996

192 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-0574-9

18.55 €

Après l’édition du journal spirituel de grand écrivain hongrois Milklós Szentkuthy en 1991 Vers l’unique métaphore (1935), nous publions En lisant Augustin, qu’il acheva juste avant de mourir. Cinquante ans les séparent, Miklós Szentkuthy est conscient de son évolution inéluctable, et ce qu’il dit d’Augustin s’applique à lui-même :
Partir d’une vision intellectuelle du monde propre à la jeunesse pour parvenir à la perception sentimentale de l’âge mûr, c’est là l’itinéraire d’Augustin et de tous les grandes esprits. Non point l’inverse. On ne passe pas d’un lyrisme adolescent aux philosophies de vieillesse : le mouvement va des philosophies des adolescents au lyrisme de l’âge mûr. C’est la seule voie humaine, virile, intelligente.
Ce qui frappe et séduit immédiatement dans cette vaste méditation, c’est que malgré la vieillesse, la maladie, Szentkuthy s’est encore un peu plus rapproché d’une sagesse à la Montaigne. S’il nous parle de ses lectures, de ses amours, des événements politiques, c’est toujours pour restituer toutes choses dans un ensemble toujours plus vaste.
S’il choisit Augustin comme point de référence, c’est parce qu’il a l’intuition qu’en tenant de comprendre le temps d’Augustin, il pourra mieux comprendre le nôtre et qu’ainsi, de la confrontation de deux confessions, naîtra pour les lecteurs une vision plus juste de l’histoire de l’humanité – du christianisme au communisme –, comme de l’histoire des individus – du berceau à la tombe.

Quelques thèmes abordés par Miklós Szentkuthy dans ce volume, outre Saint-Augustin : l’hérésie, Niké, la lyre de Clio, l’agonie de l’Europe, le problème du mal, Rome, Jupiter, Nietzche, le bonheur, Zeus et la mythologie grecque, Eckart, etc.

Miklós Szentkuthy

Les grandes lignes de la biographie de ce professeur d’anglais ne sont pas compliquées : il aura passé sa vie à lire à écrire et à traduire (Swift, Dickens, et surtout Joyce à qui on a pu l’apparenter). (…)
Le monde du mythe fascine Szentkuthy autant que le plaisir des corps. Dans une débauche d’imagination visionnaire, ce savant profondément enraciné dans la culture européenne résume l’Europe, lui rend hommage, lui dit adieu.

Szentkuthy est un esprit universel : intéressé par l’esprit comme par la matière, par la nature comme par les êtres humains, déchiré entre une esthétique riche, foisonnante, baroque, spectaculaire, et la linéarité de l’ascétisme et des mathématiques, il ne fait que chercher des associations dans le monde des choses. L’abstraction, le passage de l’analyse macroscopique à la synthèse généralisatrice, une écriture prolixe, impétueuse, fantaisiste, font de Szentkuthy un écrivain peu accessible mais d’une richesse inépuisable.

Eva Toulouze, traductrice de Vers l’unique métaphore et de En lisant Augustin En savoir plus.

Presse et librairies

Passant les frontières entre les genres, saupoudrant sa progression de bribes à chaque fois cohérentes, journal, note, récit, conte libertin, anecdote, hagiographie, Szentkuthy impose d’abord un regard, celui d’un curieux en érudition, d’un gastronome de la sensation.


Thierry Guinhut, Europe, septembre 1991

La lecture de Miklós Szntkuthy s’accompagne d’effets plus ou moins immédiats, mais toujours salvateurs : éblouissements, vertige, abattement, saturation, etc. – l’impression domine, peu commune, de se trouver confronté à un prodigieux geyser de pure intelligence, réflexive et créatrice, en activité permanente.


Bruno Gendre, Les Inrockuptibles, 7/20 août 1996

Bâtisseur mégalomane, Szentkuthy a su être à la hauteur de sa démesure. Sa cathédrale de papier, baroque à l’extrême, conjugue des nefs historiques, des bas-côtés biographiques, un chœur lyrique, une flèche épique, des chapelles poétiques, des confessionnaux érotiques et quelques sacristies bourrées de farces et attrapes.

André Velter

Toute sa vie, (Szentkuthy) s’est retranché dans sa chambre-bibliothèque aux 25000 reliures.

Natacha Wolinski, Infomatin