Le chien boiteux et autres contes
Traduction de Elena Balzamo.
La plupart des pays européens disposent de recueils de contes populaires constitués par des folkloristes locaux sur le modèle de celui des frères Grimm. Mais les “modèles”, s’ils demeurent à juste titre célèbres, ne sauraient éclipser leurs émules sans risque de faire passer lecteurs et créateurs à côté d’une autre source d’enchantement ou d’inspiration. C’est ainsi que nous publions simultanément deux collectes scandinaves — une danoise et la suédoise du présent volume — jusqu’ici totalement inconnues du public français.
Celle du suédois Hyltén-Cavallius et de l’anglais Stephens — plus scandinave de cœur, s’il est possible, que son ami nordique — reflète bien les tentations qu’ont eues tous les folkloristes d’y aller un peu de leur propre plume, de leur propre initiative d’auteur, pour rendre plus “littéraire” la stricte oralité. Mais il a fallu ensuite le talent de l’éditeur Jöran Sahlgren pour mettre de l’ordre dans leurs travaux de collecte et de réécriture.
De ce vaste corpus de huit volumes, Elena Balzamo a opéré une “collecte en second”, c’est-à-dire un choix représentatif de la spécificité suédoise même si toute “spécificité”, en matière de conte populaire, n’est qu’un arbre qui cache une forêt de chatoyantes similitudes.
Presse et librairies
Venus de différentes régions de Suède, ces vingt-deux contes, merveilleux pour la plupart, offrent des versions savoureuses de contes plus ou moins connus tels que Jeannot et Margot (où la maisonnette au toit de saucisson remplace celle de pain d’épice), les Trois fileuses ou la Belle et la Bête, sans oubliers des histoires de trolls !
Livres au Trésor, sélection 2000Ce choix judicieux et varié de contes nous permet de découvrir l’imaginaire d’une Suède ancestrale. Il se complète de la liste typologique des contes présentés, qui renvoie à la classification internationale.
Inter CDI, mai-juin 2001Le conte est-il un moyen de fuir l’action en se réfugiant dans l’imaginaire? Plutôt que de fomenter une révolte, on rêve que l’on dérobe à l’ogre son cheval d’or et sa lanterne de lune. Mais voler le cheval d’or, n’est-ce pas ôter aux puissants leur pouvoir - qui ne serait plus alors qu’une illusion ? On se dit que l’humanité tout entière rêve dans la même direction. Barbe-Bleue passe pour être inspiré par Gilles de Rais, mais on le retrouve en troll au fin fond du Danemark. C’est que les origines de ces archétypes se perdent dans la nuit des temps.
Nicole Casanova, La Quinzaine littéraire, 1/15 février 2000