Lavengro, le maître des mots
Traduit par André Fayot.
Traduit de l'anglais et présenté par André Fayot.
Dans son premier grand livre, La Bible en Espagne (Éditions Phébus), George Borrow entraînait son lecteur sur les routes et les chemins de la Péninsule. À l’occasion de ses aventures rocambolesques de marchand de bibles, il lui découvrait une Espagne inconnue, à cent lieues de celle des autres voyageurs de l’époque – Mérimée, Dumas, Gautier.
C’est par fierté qu’il prend pour titre de son autobiographie rêvée le surnom que lui ont donné ses amis de toujours, les Gypsies : Lavengro – le maître des mots.
Avec Lavengro (1851), c’est toujours sur la route mais dans son pays qu’il nous emmène. Borrow prend ici pour fil conducteur de son récit les vingt-deux premières années de sa vie – ses pérégrinations à travers l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande à la suite de son père, officier recruteur – son apprentissage dans une étude de notaire, à Norwich, où la famille s’est fixée une fois la guerre terminée – son installation à Londres et ses travaux littéraires, qui lui permettent de subsister – son voyage à pied, enfin, dans le sud-ouest du pays.
Rien de moins conventionnel que ce parcours. Ce qui donne l’unité à tant d’éléments disparates, c’est le génie de l’auteur, son style alerte, son art de soutenir l’intérêt par des saillies imprévues et des coups de théâtre, sa description sans équivalent d’un monde interlope et pittoresque à souhait, celui des “routards” d’avant le chemin de fer.
Nous croiserons une galerie de personnages hors du commun, parmi lesquels : Belle Berners, la blonde batailleuse, Jasper Petulengro, le chef des Gypsies et l’initiateur de Lavengro, un invraisemblable prédicateur, une bohémienne empoisonneuse et jeteuse de sorts, un éditeur véreux.
Borrow est un aussi singulier voyageur, aventurier, polyglotte (il passait pour couramment entendre 35 langues et dialectes) ou boxeur qu’il est un singulier écrivain.