La Maison

Ce court récit inédit de Julien Gracq met en scène une fascination. C’est la vision initiatrice, brève mais répétée, d’une demeure, aperçue à chaque trajet depuis un car traversant la campagne pendant l’Occupation, qui pousse le narrateur à se mettre en route, cheminant seul dans les sous-bois pour s’approcher de la maison. À travers le récit de ce parcours aussi sensuel et contemplatif qu’intériorisé, La Maison déplie, comme une intrigue, la naissance d’un désir.
« Le soir tombait plus vite qu’ailleurs sur l’égouttement de ces fourrés sans oiseaux. Leurs bruits légers et distincts : craquements de branches, sifflement faible du vent dans un pin isolé, éteignaient les bruits insignifiants de la campagne – au long d’eux, dans la brume pluvieuse, on marchait comme dans une ombre portée : la route tout entière feutrée et épiante, n’était plus qu’une oreille collée contre la lisière des bois. […] Après quelques allées et venues assez incertaines au long de la route, l’envie me vint une minute, devant cet obstacle absurde, de renoncer à mon équipée – mais la curiosité fut la plus forte. »
Presse et librairies
Mais c’est surtout l’écho d’Au château d’Argol qui frappe, étourdit et enchante. (…) Une même prémonition pour la beauté cachée derrière les ruines, un même combat entre le désir et la peur de disparaître traversent les deux œuvres, d’une limpide splendeur.
Marine Landrot, TéléramaEt peut-être est-ce cet inconfort qui crée le confort d’un envoûtement, quand cette voix appelle le narrateur par son nom. (…) La Maison, ou le miracle du matin.
Mathieu Lindon, LibérationFantastique « froid », réminiscences baudeleriennes, descriptions et longueurs des phrases tout en méandres proustiens, cette maison méritait qu’à son tour le lecteur de Gracq la découvre.
Jean-Claude Perrier, Livres HebdoComme certains livres également très brefs de Duras ou de Beckett, cet inédit de Julien Gracq n’avait sans doute pas vocation à être inséré dans un volume plus grand, réalisant au contraire par sa brièveté le maximum d’intensité de cette écriture qui est l’écriture même, similaire à la concentration du poème, au foudroiement du poème.
Jean-Philippe Cazier, DiacritikÀ travers ce parcours aussi sensuel et contemplatif qu’intériorisé, « La Maison » déplie la naissance d’un désir.
Jean-Pierre Naugrette, Revue des Deux Mondes, 30 août 2023 — SourceC’est un texte court. Mais un texte qui renferme tout […].
France Culture, « La Maison, inédit de Julien Gracq ; la puissance des sortilèges », 8 avril 2023Cette Maison inédite offre un jeu de piste, de correspondances avec les clés de lecture que Gracq a lui-même tendues, notamment dans « En lisant en écrivant ».
Jean-Louis Tissier, En attendant Nadeau, 12 avril 2023La prose vibrante et magnifique de l’auteur du « Rivage des Syrtes » se retrouve dans un court inédit qui raconte la fascination du narrateur pour une mystérieuse villa.
Juliette Einhorn, Le Monde des livres, 26 avril 2023Nouvelle ou amorce de roman, la désignation générique importe peu : dans ce bref récit, ce qui se joue, c’est la mise en place d’une situation, la tension intrigante des commencements.
Laurent Demanze, AOC, 27 juin 2023