Hourvari dans la lette
Avec Hourvari dans la Lette, nous espérons faire con-naître une nouvelle voix fragile dont le souffle est tout aussi impressionnant qu’émouvant. Comme un fleuve de montagne jeté dans la combe (métaphore dont elle use souvent) la phrase de Caroline Sagot Duvauroux doit être lue d’un seul trait, comme en apnée. La figure de chasse qui donne son titre est une métaphore de l’ensemble du recueil :
Il fallut plus que lices en la lice où se jouait farce macabre. Il fallut l’océan, pour qu’arrivée au bord, après lande et talus – les bois ! – tu sois chassée en lette par l’océan trop grand.
(…)
Les chiens ne se tromperont pas
Hourvari dans la lette, disent les chasseurs pour dire qu’en fuyant la nuit des carniers, tu fus, chevreuil, acculé par l’océan à volte-face, à préférer les crocs, emportant d’océan jusqu’exploser le cœur : les requins, le galop des marées, le grand bœuf tacheté et la mort des marins.
Presse et librairies
… cette poésie … est folle comme une herbe sauvage, n’a pas peur de casser en deux les retenues frileuses que nous nous imposons. Le résultat est assez revigorant, par le travail de disjonctions permanentes qui est mené dans le vers : ici une brusquerie syntaxique vous déporte, là un accord trouble son sujet, ou l’inverse. Véritable voyage chamanique, où le rêve ouvre des failles insoupçonnées, Hourvari dans la lette serait, d’après l’auteur, les mots prononcés par les chasseurs pour dire qu’untel a été chevreuil ou biche, pierre à feu ou branche d’arbre. On comprend alors pourquoi on y danse, en six sections, pourquoi la langue tourne autant jusqu’à, peut-être, s’emporter à l’excès.
Emmanuel Laugier, Le Matricule des Anges, juin-août 2002Voies nouvelles (…). Celle, parfaitement originale, que suit par exemple Caroline Sagot Duvauroux dans Hourvari dans la lette, ample et étonnante narration à tonalité symbolique, parabole du poème en train de s’écrire, voix qui s’enfle et s’assure de son pouvoir.
Parick Kéchichian, Le Monde, 5 avril 2002Elle marche, elle danse, elle cherche : mais ne sait pourquoi ni qui. Elle est passionnée, vit de désir en désir ; elle est poète : l’ami(e) des combes et des cluses. Elle marche, mais ne fuit pas, vraiment, elle se saoule de mots jusqu’à défaire le noué du passé. En aucune façon il n’est question ici ni d’animal, ni de totem, mais d’une danse forcenée au pays de l’inconscient :
Gaspard Hons, Le Mensuel littéraire et poétique, n° 303