D’île et de mémoire
Ce petit texte intimiste est une méditation, d’inspiration autobiographique, sur le déploiement de la solitude à travers une série d’expériences vécues, données comme autant de points d’ancrage de la mémoire : solitude de l’enfant dans ses moments de rêverie, solitude du jeune adolescent aux prises avec les pulsions de sa sensualité, solitude intellectuelle du jeune clerc en rupture de ban avec les impératifs de la vie religieuse, solitude de l’homme que l’amour tient face à l’évidence de la mort, enfin solitude du créateur et fauteur de texte dans le silence où mûrissent les mots. La solitude dans laquelle les âmes bien assises pouvaient lire un risque – une menace pour la communication et le partage, une contagion pathologique ruinant l’équilibre affectif et moral de l’enfant et de l’adolescent - révèle toute sa force de signification et sa valeur définitive, dans cette issue de l’existence que représente la création par l’écriture, pour autant que celle-ci affirme son intransigeante fidélité à la nécessité intérieure – sa seule justification.
C. L-C.
Presse et librairies
Ici la « mythobiographie » (l’autobiographie s’aidant de l’imaginaire et du rêve mais aussi des mythes grécos-latins et des légendes chrétiennes) se transforme en un récit simple, écrit dans une langue dépouillée. Il va de mot en mot, en jouant – mais c’est un jeu sérieux – de l’étymologie : insula, l’île mais aussi isola, la solitude ou solitudo, l’abandon, solum, sorte de terre-mère et « in-sola, l’intériorité », sol, soleil, solus, le seul, solere, avoir l’habitude de. En somme, avoir l’habitude de la solitude. « Sois assuré mon cœur, que ton île est inabordable… et que tu n’en sortiras jamais. » Mais l’écriture, cette merveille, arrivera dans la vie de cet écrivain silencieux et magnifique.
Isabelle Baladine Howald, Librairie Kléber, StrasbourgL’application à l’écriture, telle que la pratique Claude Louis-Combet, “institue l’âme en îlot et la tient serrée dans le noyau de solitude, au centre, là où l’amour transmue son désir d’éternité en exigence de création”. D’où la plénitude aussi désespérée que fascinante d’une œuvre écrite comme on officie, c’est-à-dire au bord d’un vide vertigineux.
Richard Blin, Le Mensuel littéraire et poétique n° 327