Cahiers de poèmes
Traduit par Claire Malroux.
Préfacé par Claire Malroux.
Comme un soleil noir, Wuthering Heights brûle au cœur de l’œuvre d’Emily Brontë, au risque d’occulter la constellation éparse et plus voilée des poèmes. On sera toujours tenté de lire ceux-ci à la lumière ou en complément de celui-là, de refuser un statut autonome à une poésie dont le roman, ne serait-ce que d’un point de vue chronologique, semble l’aboutissement. Dans un sens, il est naturel qu’il en soit ainsi, puisque la poésie s’est élaborée dans le secret alors que le roman, dès sa conception, était destiné au public. Pourtant, par sa force retenue, sa vertu exploratrice et son ampleur imaginative, par la vision directe qu’elle donne de l’activité créatrice de son auteur, cette poésie non seulement occupe une place à part au sein du romantisme anglais, mais permet d’éclairer le roman. Si Wuthering Heights est l’enfant du génie d’Emily Brontë, la poésie est bien la mère de ce génie.
La somme poétique est relativement mince, même si certains des quelque 160 poèmes qu’elle regroupe sont longs et atteignent parfois plusieurs centaines de vers. Cette brièveté ne surprend pas si l’on songe que, morte à près de trente ans en 1848, Emily Brontë ne s’est consacrée à la poésie que pendant une dizaine d’années, de 1836, alors qu’elle était âgée de dix-huit ans, à 1846. Mais force est de constater que son activité poétique s’est interrompue avant même sa mort, sans que rien ne permette, tous les papiers susceptibles de nous renseigner ayant été détruits, de savoir si cet arrêt était définitif ou seulement momentané. Claire Malroux