Quelques nobles causes pour rébellion en panne
“Has been” avant d’avoir été et grand ciseleur d’inaperçu, le directeur d’un sous-département des Renseignements généraux est confronté, à quelques jours de sa mise à la retraite, à la plus étrange affaire qu’il ait jamais traitée.
De subtils informateurs lui signalent ce que nul, dans la rue, c’est-à-dire partout, ne semble avoir remarqué. N’est-ce pas l’essentiel, pourtant ? Ayant à cœur d’échouer jusqu’au bout, car il aime le travail bien fait, le voici défendant sa dernière cause perdue avec l’ardeur de qui n’a rien à perdre. Probablement est-il lui aussi un rebelle, à l’image de l’homme qui, des pages plus loin, crève l’œil d’un cyclope très particulier, ou de cet enquêteur qui, dans une cité labyrinthique, recense les portes dérobées jusqu’à ce que l’une d’elles…
Presse et librairies
La nouvelle est un genre délicat, qui peut s’avérer frustrant (pour le lecteur) et que certains s’imaginent réservé à des auteurs qui ne sauraient écrire un roman… C’est pourtant un exercice dans lequel Éric Faye excelle […].
B. Longre, Si’tartmagFaye séduit à chaque fois, même si on aimerait qu’il oublie les conventions du fantastique pour nous emmener encore plus loin.
Benoît Broyart, Le Matricule des Anges, juin-août 2002Il y a dans ce nouveau recueil, teinté de Marcel Aymé et du peintre Magritte, un récit dont le narrateur, nouvelle silhouette teintée par les vertiges de la désertion, quelque part entre re- mords du passé et improbable éden, se laisse hypnotiser par les « entrepôts labyrinthiques » d’un bureau des objets perdus qui cache une activité propice à la poursuite des flash-backs et des fantômes, et s’attache, sous la dénomination de « bureau des jours perdus », à la recherche de ce que l’on croit égaré à jamais.
Jean-Luc Douin, Le Monde des Livres(…) Pareils au Gregor Samsa de La Métamorphose, qui à son réveil un matin, transformé en vermine, avait eu la stupéfiante révélation de sa vérité, des personnages dans ces récits d’Éric Faye font l’expérience brutale de situations inouïes, à proprement parler bouleversantes, mais semblablement chargées de signification. Sans que rien n’ait bougé, qu’aucun événement ne se soit produit, sinon peut-être en eux-mêmes, ceux-ci se retrouvent soudain confrontés à des phénomènes étranges, sortes de cauchemars éveillés en lesquels des messages se donnent à lire, des questions refoulées viennent d’un coup à se poser.
Jean-Claude Lebrun, L’Humanité, 9 mai 2002