Pour Roberto Juarroz

Août 2002

128 pages

en lisant en écrivant

978-2-7143-0787-3

14.2 €

Sans prétendre à une exhaustivité que Juarroz lui-même déclarait impossible, je souhaite juste proposer quelques pistes aidant à la lecture. L’abondance de cette œuvre était un premier facteur de difficultés ; pour illustrer mes dires, j’aurais pu à chaque fois produire trop d’exemples, ce qui aurait beaucoup alourdi l’essai. D’autre part, ma méconnaissance de l’espagnol rendait plus difficile toute lecture au ras de la lettre, au-delà de laquelle il reste pourtant à dire. Il y a de nombreux livres de Juarroz traduits en français, mais ils ne représentent qu’un quart environ de l’œuvre, ce qui est sans importance pour le commentaire, car celle-ci est très répétitive. Cela n’est pas péjoratif sous ma plume, car je pense que la monotonie est souvent le fait des œuvres fortes, et que cette poésie aux obsessions constantes massivement fait monde. On doit admirer cette profération somnambule, ce jaillissement de source. Juarroz est déjà lui-même dans les premiers livres, et pourtant son œuvre va crescendo. En dépit de ce qu’il pose dans les proses poétologiques, où il parle de “l’œuvre ouverte” selon Umberto Eco, du poème qui doit se compléter chez le lecteur, cette œuvre semble se fermer au commentaire, dans la mesure où la plupart des poèmes sont si parfaits, et ou obscurs, ou le plus souvent limpides, si simples aussi de structure, qu’on n’a pas envie de poser un mot dessus. On a l’impression que ces poèmes disent tout ce qu’il y a à dire, et exactement comme il faut.