Muettes émergences

Couverture du livre Muettes émergences

Novembre 2011

256 pages

Domaine français

978-2-7143-1069-9

18.25 €

D’après nature, titre longtemps maintenu à propos des proses réunies ici, pour la part essentielle qu’y tiennent les paysages, et pour son ambiguïté : au delà d’une relation simple, directe, immédiate avec ce qui nous entoure, l’expression notifie un passage par le détour de l’art, nécessitant « travail sur le motif ». En cause donc, tant les étendues dites des Grands Marais près de chez moi que, leur faisant écho, les pages de Sylvie par quoi nous devient si présent le Valois cher à Nerval ou, regardés d’un même œil, un paysage familier, de tous les jours, ou découvert inopinément, ou ressouvenu d’un rêve, et celui d’un tableau.
Ce qui, ici comme là, retient ou plutôt mobilise l’attention, riche de résonances secrètes, appartient plus encore à (Joubert) “l’évidence intérieure intime” qu’à la réalité dite extérieure. Tels, bien souvent dans les pâturages de montagne, muettes émergences, ces affleurements de pierres ou de roches.
Aux mots alors, eux aussi surgis d’un sous-sol qui échappe à notre domination et à notre maîtrise, à eux de dire, tenter de dire et rendre sensibles des impressions vives, néanmoins, à peine reçues, promptes à se dérober.
(P. Ch)

Pierre Chappuis

Pierre Chappuis (1930 - 2020) est né à Tavannes, dans le Jura bernois, en Suisse. Après des études universitaires à Genève, il se consacre à l’enseignement de la littérature française dans le canton de Neuchâtel. À partir de 1969, il publie de nombreux recueils, des notes réflexives et plusieurs ouvrages hors commerce en collaboration avec des peintres. En savoir plus.

Presse et librairies

Subtiles et allusives, ces notes réflexives associent un poème de Verlaine et une peinture de Cranach, évoquent le regard de Proust sur Nerval. Ou citant ces mots de Michaux, à propos d’un tableau de Klee : « Aventures de lignes, tracé de la poésie, rendant le plus lourd léger. »

Monique Petillon, Le Monde, 18 novembre 2011

Le titre est expliqué au détour d’une page : il s’agit de ces affleurements « où la roche, à nu, sort de terre » et que les paysans utilisaient pour casser des blocs qui leur servaient à construire des murets de pierres sèches. Et le livre se présente bien ainsi : une soixantaine de textes comme autant d’enclos pour des expériences très diverses, vécues, rêvées, souvenues, mais qui ont en commun deux éléments : le rapport au lieu, et l’apaisement.

Antoine Emaz, Poezibao, 14 novembre 2011