Lettres d’ailleurs
Traduction de Françoise Du Sorbier.
“Mon dernier plaisir est celui que m’a donné la lecture des lettres de Madame de Sévigné : elles sont très jolies, mais j’affirme sans la moindre vanité que, d’ici quarante ans, les miennes seront tout aussi amusantes”, écrit lady Mary Wortley Montagu à sa sœur en 1726.
Célèbre par son esprit, sa beauté et ses talents de poète, lady Mary occupe une place importante dans la vie littéraire de son temps, quoique dans son monde, une femme ne publie pas… Fille du duc de Kingston, petite-fille du comte de Denbigh, femme de parlementaire et de diplomate, cousine de Fielding, amie de Pope, de Steele d’Arbuthnot et de l’abbé Conti, elle connaît tous les grands personnages de la scène politique et littéraire européenne et, pendant vingt ans, est l’une des personnalités les plus en vue de la société londonienne. Or, en 1739, elle quitte le monde, officiellement pour raisons de santé, et part en Italie, d’où elle ne reviendra que vingt-deux ans plus tard pour mourir. Dans le monde ou hors du monde, elle ne cesse d’écrire, et ce sont cinquante ans de correspondance avec ses proches parents et amis qui sont présentés ici. En fond de tableau, une fresque historique mouvementée : la crise de succession anglaise, les rébellions jacobites, la guerre de succession d’Autriche, la guerre de sept ans. Au premier plan, une femme érudite et passionnée dont la fougue naturelle est tempérée par la tolérance. Tantôt griffue, tantôt caressante, toujours alerte, la plume de lady Mary trace nerveusement une fresque de l’Europe des Lumières, dessine en filigrane le portrait d’une personnalité d’exception : la première des épistolières anglaises.