La Vallée du Test

24 avril 2025

152 pages

Domaine français

978-2-7143-1351-5

19 €

« Les poèmes de La Vallée du Test ont en partie été écrits dans la région qui donne son nom au recueil : dans la Vallée du Test, au Royaume-Uni. C’est aussi là où le narrateur de SPACE trouve une clé pour les poèmes qu’il veut faire. Ils se divisent en 14 sections + une nouvelle et sont coupés de manière arbitraire : en vers de 4 mots. Lorsque le dernier vers fait moins de 4 mots, il est rejeté au début du poème et fait office de titre. Les poèmes qui sont des multiples de 4 sont donc sans titre. Comme un pantalon bien coupé, ils tombent juste.

Je voulais fabriquer pour mes poèmes un mécanisme simple, à la fois désinvolte et élégant, intégré à leur lecture, quelque chose qui ressemble à une montre à mouvement perpétuel, sauf que le mouvement involontaire du poignet devient ici celui de l’œil, et le poème, comme un fleuve, se remonte tout seul. Pour le finir, il faut le recommencer, et on peut à nouveau choisir de le descendre. C’est aussi une façon de laisser des poèmes en apesanteur, en zéro-g, de ne pas trop charger la barque. Ce gimmick est une parade formelle qui prend la coupe au premier degré : il y a dans La Vallée une espèce de tension entre la tentation de tout laisser pousser, et une véritable passion pour le matériel d’élagage.

Les titres de sections n’ont pas toujours de lien avec leur contenu. Ce sont surtout des rappels des principaux thèmes qui parcourent le livre : le monde aquatique, les surfaces, le brillant des choses, la science, les religions et la magie, notre manière de négocier avec la perte et l’inconnu, l’Occident, les appareils d’état, la langue diplomatique, la poésie comme technologie. Je vois ce recueil comme une promenade qui laisse deviner, à mesure qu’on avance, une géographie particulière, une Vallée avec ses Oiseaux, Bêtes et Fleurs (D. H. Lawrence, 1923), ses personnages, leurs moyens de transport, leurs allers et venues, leurs pensées, leurs jours, leurs nuits.

La Vallée du Test fait aussi écho à des titres comme A test of Poetry, de Zukofsky, Monsieur Teste, de Paul Valéry, ou Tests of Time de William H. Gass, et je crois que ce livre continue, comme d’autres avant lui, à penser l’espace du poème comme un test, un passage, c’est à dire une épreuve, en même temps qu’un témoin de tous les jours. Je me rappelle aussi l’étymologie de ce mot, qui désigne chez les métallurgistes et les alchimistes, une coupelle pour isoler les métaux précieux, et par extension l’action permettant d’en « tester » la pureté. La Vallée du Test est cela : un même tarif de versification appliqué à tous les poèmes, pour en éprouver la pureté. Ils ont des valeurs différentes, volatiles, et se mélangent dans la même forme creuse. »

Gabriel Gauthier

Gabriel Gauthier

Gabriel Gauthier est né à Mont-Saint-Aignan en 1992. Diplômé de l’École des Beaux-arts de Paris, il a fait paraître deux livres de poésie remarqués : Simurgh & Simorgh (Théâtre Typographique, 2016, rééd. 2024) et Speed (Vies Parallèles, 2020). SPACE est son premier roman.
Photographie : Céline Guillerm En savoir plus.

Presse et librairies

« Je pense que les personnages de mes poèmes sont toujours en train de faire quelque chose d’autre que ce qu’ils présentent, de plus discret, secret, derrière ce qu’ils semblent faire. »

Gabriel Gauthier dans un entretien avec Emmanuèle Jawad, Diacritik, 13 mai 2025

Certains livres sont des dispositifs discrets, des machines mystérieuses dont on ignore la fonction et l’usage exacts, mais dont on comprend très vite que les mettre en mouvement n’ira pas sans conséquences. La Vallée du Test, le dernier recueil de poèmes de Gabriel Gauthier, est de ceux-là. […] Les objets qu’[il] fabrique déforment légèrement l’espace-temps.

Baptiste Fauché, « L’inter-Poèmes », En attendant Nadeau, 10 juillet 2025

Tourner les pages d’un livre et voyager dans le temps ou l’espace font partie du même registre. Les deux actions déclenchent les mêmes sauts et dérives, se croisent de mille et une façons.

Jan Baetens, Collateral, 7 mai 2025

Un plan et des tunnels se dessinent pour une maison qu’on n’habitera peut-être jamais, mais dont la seule perception suffit.

Flora Moricet, Le Matricule des Anges n° 263, mai 2025

La Vallée du Test propose une expérience déconcertante, via son apparente simplicité ; et enthousiaste, par les relectures potentielles qu’elle incite, comme s’il s’agissait de cartographier certains chemins, certains passages secrets, du Terrain vague.

Christian Rosset, Diacritik, 4 juin 2025