La Caravane, suivi de Le cheik d’Alexandrie

Traduction de Nicole Taubes.

Janvier 1999

384 pages

Merveilleux

978-2-7143-0675-3

18.55 €

De la courte vie de Wilhelm Hauff, de l’effervescence de son écriture concentrée sur deux années (1825–27), de l’influence de l’école souabe sont nés, outre trois volumes de nouvelles, des fantaisies et un roman parodique, un recueil de Märchen sous forme d’almanach.

Les deux textes réunis ici sont d’inspiration orientale : dans une caravane, cinq marchands trompent l’ennui des longues attentes diurnes en se racontant des histoires ; pour oublier son chagrin, le cheik d’Alexandrie demande des contes à ses esclaves. Si le lecteur familier des Mille et une nuits reconnaît ici ou là certains motifs chantés par Shéhérazade, il n’en sera pas moins surpris par l’imagination de Hauff qui parvient à utiliser le subterfuge bien connu du récit-cadre pour enfermer des histoires parfaitement autonomes entre elles : le petit Muck (Moucheron) aux babouches rapides comme l’éclair, Fatma la belle emprisonnée, le nain au long nez, (entre autres célèbres caractères) ; tout en les liant subtilement au moment de la chute. Un des conteurs se révèle le héros d’une histoire à venir. Hauff nous embarque dans cet Orient rêvé – comme chez Beckford en Angleterre – où la féerie semble conaturelle à la civilisation et où les sentiments et les actes peuvent s’exacerber : trahison, vengeance, fatalité, amour fou.

Une fois de plus, en matière littéraire, un autre paradoxe, celui de la classification des genres, vole en éclats : Hauff, adapté pour la littérature enfantine se révèle bien être au merveilleux ce que Hoffman est au fantastique : un enchanteur qui prête au rêve ce que d’autres amènent au cauchemar.